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Devrais-je rester ou partir?

Un article récent relève les principaux facteurs à l’origine de la rétention des avocats et avocates dans les cabinets juridiques

Brooke Finkelstein
Depuis qu’elle a rejoint un petit cabinet, Brooke Finkelstein n’a pas l’impression que sa vie entière soit consacrée au travail Photo contribuée

Brooke Finkelstein a commencé sa carrière d’avocate en droit du travail dans un grand cabinet, mais s’est rapidement rendu compte que l’expérience en grand cabinet ne correspondait pas à ses objectifs à long terme.

Depuis qu’elle s’est jointe à un petit cabinet il y a environ sept mois, elle juge que son environnement de travail est maintenant « meilleur que tout ce que j’aurais pu imaginer ». Dans son nouveau rôle chez West Coast Workplace Law à Vancouver, elle n’a pas l’impression que toute sa vie est consacrée au travail.

« Je me sens considérée et respectée comme personne à part entière. On accorde de la valeur à mes idées et à mon temps », dit Me Finkelstein.

« Je peux planifier des activités que je n’ai plus à annuler ».

Selon un nouveau rapport de recherche portant sur les cabinets juridiques canadiens, la rémunération, suivie de près par la conciliation travail-vie personnelle et le parcours de carrière, étaient les principaux facteurs pour lesquels les avocats et avocates choisissaient de rester au sein de leur cabinet.

Pour son premier rapport Should I Stay or Should I Go? Key Factors Driving Law Firm Associate Retention, la NALP Foundation, une organisation américaine sans but lucratif, a sondé plus de 400 avocates et avocats de 17 cabinets juridiques canadiens sur les raisons pour lesquelles ils restaient dans leur cabinet ou le quittaient.

Les chercheurs ont constaté que 80 pour cent des avocats et avocates décrivaient de façon positive leur expérience en cabinet, alors que 75 pour cent déclaraient ressentir un fort sentiment d’appartenance avec leur cabinet. Fait notable, les personnes en environnement de travail hybride ont exprimé un plus grand sentiment d’appartenance et une expérience plus positive.

Christie Gilmour, avocate en droit du travail et membre de l’équipe de direction de Forte Workplace Law, soutient que la conciliation travail-vie personnelle est plus importante que la rémunération. L’absence de cet élément à son ancien cabinet est l’une des raisons pour lesquelles elle en est partie.

« De toute évidence, la rémunération est importante, parce que la vie coûte cher maintenant et j’ai trois enfants », dit-elle. « Cependant, je travaille selon un horaire de 80 pour cent. Je prends des congés. Lorsque je suis en vacances, je réussis à faire une coupure ».

Brittany Greenberg, avocate chez Koskie Minsky LLP à Toronto, partage ce sentiment.

« Il faut s’assurer d’obtenir une rémunération appropriée pour le travail accompli, tout le monde le mérite », selon elle. « Mais ma santé mentale et mon bien-être sont beaucoup plus importants pour moi. »

En sa qualité de propriétaire de West Coast Workplace Law, Leanne M. Walsh sait que ce n’est pas qu’une question d’argent.

« À mon avis, aucun salaire, aussi élevé soit-il, ne peut indemniser les personnes pour la perte de joie dans leur vie personnelle », dit-elle. « La rémunération est motivée par ce dont les personnes pensent avoir besoin et la façon dont elles veulent travailler ».

Me Walsh recommande que les cabinets juridiques interrogent leurs avocats et avocates sur leurs priorités, notamment les heures de travail et les horaires variables, pour ce qui est de la question relative à la rémunération.

« Seules des personnes reposées et heureuses peuvent contribuer à la productivité. Nous croyons que nos clients et clientes seront mieux servis si nos employés sont reposés », souligne-t-elle. « Dans mon cabinet, il est important d’accomplir un travail significatif, et nous devons avoir une attitude positive et être motivés pour y parvenir ».

Pour Me Greenberg, il est également essentiel que son travail soit en harmonie avec ses valeurs personnelles.

« J’ai la chance d’aller au travail et de faire quelque chose qui me rend fière tous les jours », dit-elle. « Peu importe la gentillesse des gens, peu importe la conciliation travail-vie personnelle, si je ne me sentais pas bien à propos du travail que j’accomplis, je ne resterais pas ».

Elle aime également l’environnement de travail collégial de Koskie Minsky, ce qu’on « ne trouve pas partout ».

Pour les cabinets qui cherchent des façons de retenir leurs collaborateurs, Me Greenberg offre une solution simple : demandez-leur simplement.

« Consultez les avocats et avocates dont vous voulez le point de vue, mais parlez-leur vraiment. N’émettez pas d’hypothèse sur ce qu’ils veulent ou ce dont ils ont besoin ».

Me Gilmour est de l’avis que les cabinets devraient faire preuve de souplesse et être ouverts à de nouvelles modalités de travail.

« Si un employé vient vous proposer une nouvelle solution à essayer – travailler de la maison plus souvent ou avoir plus de souplesse en ce qui concerne des accommodements pour la garde de ses enfants – essayez de l’accueillir avec l’esprit ouvert », conseille-t-elle. « La souplesse a beaucoup changé la donne pour un grand nombre de personnes dans notre cabinet ».

Les cabinets doivent également s’assurer de faire preuve de respect pour l’opinion des avocats et avocates avec qui ils collaborent.

« Écoutez les gens, respectez-les et tentez d’instaurer un environnement où les gens n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent », précise Me Gilmour. « L’une des pires choses qui peut arriver est que les gens aient peur de s’exprimer par crainte que leurs idées soient rejetées ou qu’ils soient traités avec condescendance ».

Me Gilmour travaille pour Forte Workplace Law depuis plus de sept ans et selon elle, la culture de respect est l’une des raisons pour lesquelles elle apprécie son milieu de travail.

« Je me sens respectée – mon temps et mes idées sont valorisés ».

Pour Me Finkelstein, ce type de valorisation des collaborateurs et collaboratrices rapporte beaucoup.

« Je dois me sentir valorisée pour être heureuse. »