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Espaces de travail en cabinet

La concurrence dans le monde du télétravail oblige les cabinets à faire preuve de créativité au moment de redessiner leurs bureaux.

Norton Rose Fulbright's offices in Toronto
Les bureaux de Norton Rose Fulbright à Toronto

À l’heure où de plus en plus de gens reprennent le travail en présentiel, les dirigeants de cabinets juridiques en profitent pour repenser leurs bureaux en misant sur le bien-être, la flexibilité et la connectivité.

Tout cela vise à créer un lieu accueillant pour les juristes, le personnel de soutien et la clientèle — des « destinations » qui favorisent la collaboration et le mentorat. On parle notamment de cafés de style bistro, de salles de mieux-être et de centres de conférence équipés de technologies de pointe.

Le cabinet Cassels Brock & Blackwell est en train d’apporter plusieurs modifications à ses bureaux de Toronto. En prévision de son déménagement à l’intersection des rues Adelaide et Yonge l’an prochain, il a opéré des changements « quelque peu inhabituels pour un cabinet juridique », aux dires de son associée directrice, Kristin Taylor. Cela comprend la normalisation de la taille des bureaux des juristes et leur éloignement du périmètre du bâtiment afin de créer un espace lumineux pour tous. Il y aura aussi un couloir à la sortie de l’ascenseur qui mènera aux douches et vestiaires pour les gens qui se rendent au travail à vélo.

Le cabinet abritera aussi une salle de mieux-être avec un mur végétalisé et un petit gymnase équipé de vélos stationnaires et de tapis roulants, un lieu de pratique religieuse, une salle d’allaitement et une pièce familiale pour les enfants des membres du personnel qui doivent passer à l’improviste au bureau. Des cours de méditation et de yoga seront offerts avant, pendant et après le travail.

Place à la lumière

Le nouvel espace de travail comportera beaucoup de bois naturel, déclare Me Taylor, mais pas de chêne ni de noyer foncé. Les couleurs seront essentiellement neutres, dans des teintes de bleu et de vert. L’idée, c’est de rendre l’endroit lumineux, « donc nous essayons vraiment de faire refléter la luminosité avec notre choix de couleurs et de matériaux ».

Les gens pourront travailler sur leur ordinateur portable ailleurs que dans leur bureau; il y aura de grands fauteuils près des fenêtres. On trouvera un service à la clientèle, plusieurs salles de réunion à chaque étage, et un séjour avec des banquettes. « Nous avons essayé d’aménager une foule de lieux différents qui sont chaleureux et tendent à stimuler la créativité », affirme Me Taylor.

À la sortie du confinement, certaines personnes reprennent le chemin du bureau, et celles qui y viendront au moins deux jours par semaine auront un bureau attitré, dit Me Taylor. Les autres pourront utiliser les bureaux à la carte. « Nous ne voulons pas que le bureau soit une obligation, mais plutôt une destination, donc avec cette conception, nous voulons rendre le lieu inclusif, accueillant et à l’image de nos valeurs. »

Même si la pandémie a pratiquement forcé tout le monde à travailler de la maison, la présence au bureau joue un rôle essentiel dans la culture d’un cabinet, selon Matthew Kobylar, directeur de la conception de cabinets juridiques à Gensler. « Les jeunes juristes apprennent tellement de choses en cabinet, et cela les aide à acquérir encore plus de connaissances. » Les juristes avec qui il travaille « comprennent parfaitement que l’aspect social du bureau s’est perdu lorsque tout le monde travaillait de la maison ».

Les cabinets « investissent dans l’immobilier pour stimuler la collaboration et la camaraderie entre les juristes, les avocats adjoints et le personnel de soutien, chose impossible à faire lorsque chacun est chez soi ou dans un bureau distant. Il est vraiment important pour les grands cabinets d’avoir des bureaux physiques attrayants. »

Les commodités exceptionnelles servent d’outil de recrutement, c’est-à-dire à attirer les meilleurs talents, selon M. Kobylar. Les cabinets juridiques ont toujours été en concurrence pour les diplômés, mais ceux-ci sont maintenant aussi courtisés par les entreprises de technologie, les cabinets comptables et les sociétés de conseil. En plus d’offrir des heures de travail flexibles, ces entreprises ont de merveilleux locaux, intensifiant la concurrence pour les juristes de talent.

Bon nombre de cabinets juridiques investissent dans des salles d’audience numériques dernier cri avec une bonne acoustique et un bon éclairage, dit M. Kobylar. « De nos jours, avoir une salle numérique bien équipée qui vous confère vraiment un avantage concurrentiel, c’est l’équivalent d’un costume ou tailleur de chez Brooks Brothers. »

Relations et liens culturels

Certains cabinets exigent que tout le personnel revienne sur place à temps plein, d’autres non. C’est notamment le cas de Norton Rose, qui offre des conditions de travail plus flexibles. « Il est difficile de se sentir rattaché à l’entreprise et près de ses collègues si tout le monde travaille principalement à distance, affirme Charles Hurdon, associé-chef de la direction chez Norton Rose (au Canada). Vous perdez le lien avec l’entreprise et vos collègues ainsi que les liens culturels, c’est pourquoi on souhaite que les gens recommencent à venir au bureau. »

Au bureau de Norton Rose à Toronto, on retrouve à chaque étage, en plein centre, un espace collaboratif lumineux, avec de bonnes machines à café, des collations et des fruits. « Si vous offrez un lieu très chaleureux et attrayant où il est possible de manger et de discuter confortablement entre collègues, vous attirerez sans doute plus les gens », estime Me Hurdon.

Avec les baux des bureaux venant à échéance dans les prochaines années, Me Hurdon dit que le cabinet prévoit continuer à offrir le travail hybride (en présentiel et à distance). « Vous pouvez faire les choses différemment pour y arriver, et vous pouvez aussi vous concentrer sur le côté attrayant avant tout, pour inciter les gens à revenir. »