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Que vous coûtera MoiAussi?

Le harcèlement fondé sur le genre est rarement une question de sexe. C’est presque toujours une question de pouvoir. Et donc c’est sans surprise que les cabinets juridiques ne sont pas à l’abri du mouvement de conscientisation mondial qui a vu le jour en octobre passé.

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Cette année par exemple, Borden Ladner Gervais a inclus le harcèlement sexuel dans la liste qu’il dresse des principaux risques juridiques auxquels sont exposées les entreprises, dont les cabinets d’avocats.

Des gestes commis il y a des années font l’objet de jugements selon des critères actuels. On donne crédit aux femmes qui brisent le silence à l’égard de comportements inappropriés. Le vent a tourné. Il s’agit d’un phénomène mondial.

Bien que les histoires d’avocats tombés en disgrâce aient fait peu de manchettes, ceux qui ont des squelettes dans le placard sont pris de panique, car ils savent qu’ils sont considérés comme sources d’embarras par leur cabinet. Ils examinent sans doute les options qui s’offrent à eux.

Il n’a fallu que sept femmes, pour la plupart des Blanches – dont deux grandes vedettes du cinéma – pour exposer les sévices sexuels qu’a commis le producteur américain Harvey Weinstein pendant des décennies. Les grands producteurs comme lui étaient jadis intouchables. Ils avaient du pouvoir et une valeur pécuniaire, contraste saisissant avec les plaignantes, de jeunes femmes aspirant à devenir des célébrités au moment des agressions.

Le harcèlement sexuel et la violence fondée sur le genre sont des abus de pouvoir sur des gens qui en ont moins. C’est une forme de domination consciente ou inconsciente qui vise à diminuer l’estime de soi de la victime. Il peut s’agir de « blagues » sexistes, racistes ou homophobes, ou encore de « petites » agressions, de la destruction psychologique, de la violence physique et des agressions sexuelles. Tous ces comportements peuvent se produire dans la profession juridique, peut-être même au sein de votre cabinet, faisant de certains employés des proies et créant un environnement de travail toxique. (Pour en savoir plus sur le harcèlement au travail, je recommande le balado du FDA-ABC, « Tolérance zéro ».)

Les plus grands avocats n’étaient autrefois pas soumis aux mêmes obligations que le reste des mortels. Toutefois, un changement s’opère rapidement dans cette culture. Des associés refusent de tolérer cette situation et de se taire, tout comme des cabinets, comités disciplinaires, tribunaux des droits de la personne et clients.

Plus que jamais, les cabinets doivent faire le point et décider du type de milieu de travail qu’ils veulent offrir à leur personnel, maintenant et à l’avenir. Souhaitez-vous retenir les personnes les plus talentueuses? Voulez-vous attirer et garder des clients qui exigent de solides politiques en matière de harcèlement? Désirez-vous protéger votre cabinet (et vous-même), contre des poursuites pour harcèlement ou des plaintes liées aux droits de la personne?

Si vous intimidez ou harcelez vos collègues et employés, cherchez de l’aide de spécialistes. Par contre, si vous constatez qu’il existe un problème et que vous voulez faire partie de la solution, voici quelques conseils :

  1. Établissez des normes dès le début : Nous avons tous la responsabilité de créer l’environnement de travail dans lequel nous souhaitons évoluer. Il est essentiel d’établir une politique et un processus anti-harcèlement sans ambiguïté. De nombreuses organisations ont des modèles de politiques en ligne. Une fois en œuvre, assurez-vous que le personnel et les associés la connaissent bien.
  2. Restez à l’affût des inégalités de pouvoir : Lorsque vous parlez à des collègues, prenez conscience du « pouvoir » ou de la vulnérabilité de chacun. Si vous n’avez pas la certitude qu’il est approprié de faire ou dire quelque chose, faites une recherche sur Google. Ne demandez pas à quelqu’un qui a moins d’ancienneté que vous, car cette personne n’a peut-être pas la capacité (ou le pouvoir) de vous répondre en toute honnêteté. Les gens rient lorsqu’ils sont mal à l’aise, ce qui ne revient pas à consentir. Posez-vous deux questions : Feriez-vous ce commentaire à quelqu’un de votre sexe? Feriez-vous ce commentaire à votre grand-mère ou à un enfant? Si la réponse à l’une de ces questions est non, ajustez-vous.
  3. Réagissez rapidement et avec fermeté : Des recherches sur le harcèlement en milieu de travail ont démontré que la meilleure façon de le prévenir est de rejeter tout comportement offensant rapidement et fermement. Vous pouvez en faire immédiatement part aux ressources humaines, souligner le geste à ce collègue sur le champ ou vous confier à quelqu’un en privé tout de suite après l’incident. Ne rien dire cautionne le comportement aux yeux du fautif et de la loi.
  4. Offrez votre soutien et faites preuve de respect : Si une collègue ou une employée se confie à vous, soutenez-la et respectez son choix, même si elle ne veut pas déposer une plainte. L’objectif des agresseurs est d’exercer leur domination, il est donc important que les victimes aient le contrôle de leurs propres actions. Se sentir écouté et valorisé peut être suffisant.

Plus que tout, reconnaissez que tout ce qui brille n’est pas or : en tant que profession, nous devons remettre en question nos valeurs. S’il est permis aux gens les plus productifs de harceler en toute impunité, comment pouvons-nous prétendre agir avec intégrité? En 2008, les employés les plus productifs ne valent peut-être pas le coût.