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Démarrer son propre cabinet

Quand l’exercice au sein d’un cabinet ne vous dit rien, essayez de partir votre propre cabinet.

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L’économie se remet de la grande crise des dernières années, mais de nombreux avocats continuent de subir certaines répercussions. En plus de la pénurie d’emploi, ceux qui réussissent à trouver un emploi sont confrontés à des restructurations et les fermetures de cabinets d’avocats. 

Selon Susan Liebel, fondatrice de Solo Practice University, de plus en plus d’avocats choisiraient la voie entrepreneuriale. Ainsi 68 % des avocats seront des travailleurs autonomes d’ici 2019.

L’idée de devenir votre propre patron vous enchante? Que vous soyez fraichement assermentés, aux études ou avocat(e) pratiquant et que vous comptez démarrer votre cabinet, voici quelques conseils pour prendre le premier pas.

Le plan d’affaires

Bien avant de choisir votre en-tête de lettre et de visiter les lo­caux à louer, vous devez avant tout déterminer par où commencer, vos objectifs et comment y arriver. Pour ce faire, vous aurez besoin d’un plan d’affaires personnel, clair et précis.  Selon Me Julie K. Fowler, avocate basée à Washington, le plan d’affaires doit contenir :

1. Un énoncé du fonctionnement — comprenant les services à offrir, l’emplacement du bureau etc.

2. Votre stratégie de marketing — Comment comptez-vous vous présenter à vos clients potentiels? Comment allez-vous diriger vos efforts de marketing pour diffuser des informations sur vous et votre pratique?

3. Un examen de votre structure financière — Les besoins en capitaux et les objectifs de revenu, les frais d’assurance et d'équipement etc.

De surcroît, le plan d’affaires vous permettra d’évaluer la concurrence, les règles provinciales d’octroi de licences d’affaire ainsi que vos obligations comptables et déclaratives.

La technologie

Si vous comptez vous lancer en affaires, vous devez posséder des connaissances de base en technologie, selon l’avocate Ste­phanie Kimbro. Vous devez être conscient des risques de sécurité liés à l’utilisation de la technologie dans la gestion de votre pratique, en plus des moyens pour minimiser ces risques. « Cela exige que vous soyez à jour sur la technologie que vous choisissez d’utiliser ou d’avoir le réflexe de trouver quelqu’un qui pourrait vous aider à rester à jour pour protéger les informations de vos clients. »  

La structure d’entreprise

Choisirez-vous d’être propriétaire unique ou de former un partenariat? Le choix d’une structure aura une incidence sur plu­sieurs facteurs, y compris le choix des locaux et le type de comptes de banque. Chaque structure comporte des avantages et des inconvénients d’après Me Omar Ha-Redeye, avocat basé à Toronto :

« La plupart des gens qui débutent choisissent l’entreprise individuelle. Vous aurez le choix entre configurer un nouveau compte bancaire ou utiliser votre compte personnel, à l’exception des fonds fiduciaires. Si vous utilisez votre compte personnel, le Barreau y aura accès lors des vérifications. Quant aux partenariats, ils ont leurs propres avantages tel que le partage de risques et de dépenses. Cependant, il peut survenir une certaine perte de flexibilité. Les accords de partenariat varient considérablement, et il est important d'avoir un document bien rédigé. » 

Le lieu de travail

Fini les bureaux ornés de boiserie exquise au centre-ville. Un nombre plus élevé d’avocats choisisse des endroits moins traditionnels. Les locaux reflèteront votre budget, le milieu dans lequel vous êtes le plus productif. De plus, l’exercice de la profession étant en pleine évolution, il existe divers moyens de pratiquer. Vous pourrez opter pour le partage de bureaux, un espace de co-working, le bureau à domicile ou encore un cabinet virtuel.

Le cabinet virtuel permet d’utiliser la technologie afin de fournir des services juridiques en ligne et ne nécessite pas un bureau “physique”. Selon Me Kimbro : « [I]l existe différentes variantes au cabinet d'avocats virtuel en fonction des champs de pratique de l’avocat, de son confort avec la technologie, des règles d’administration concernant la pratique du droit en ligne ainsi que les services juridiques qu’il veut livrer. »

« Le démarrage d’un cabinet d’avocats virtuel n’est pas difficile mais nécessite une familiarisation avec la technologie pour que l’avocat puisse l’utiliser de façon responsable. De plus, il doit déterminer si son champ de pratique servira efficacement la clientèle visée. Pratiquer en droit des aînés par exemple pourrait ne pas fonctionner avec la clientèle parce qu’elle peut ne pas être à l’aise avec la communication en ligne. »

Le marketing

Pour attirer la clientèle, il importe de développer une stratégie de marketing. Soyez diligents, identifiez votre clientèle visée, et sachez à quelles personnes indispensables vous présentez — tout en leur communiquant votre gamme de services. Ne vous limitez pas à votre profession, conseille Me Julie K. Fowler. Allez chercher les clients auprès de professionnels complémentaires tels que les comptables, les agents immobiliers, les ingénieurs car ces derniers seront amenés à un moment ou un autre à vous poser des questions sur les besoins de leurs clients.

Selon Me Kimbro, les clés d’un marketing réussi est de créer une image de marque cohérente et solide pour le cabinet. Les médias sociaux ne sont pas non plus à ignorer, car ils facilitent l’engagement avec d’autres professionnels et le public. Vous pouvez aussi vous joindre aux réseaux professionnels crées par les entreprises spécialistes en marketing en ligne et profiter de leurs outils. 

Les relations avec la clientèle

Assurez-vous d’établir des relations avec les clients existants. Me Fowler, pour qui la  pratique est axée sur le droit de la famille ainsi que les cas de violence conjugale, explique que les relations avec ses clients sont basées sur une foi et des valeurs morales partagées. Son objectif est de construire l’estime de soi de ses clients et de s’assurer de leur bien-être. L’autre élément à ne pas négliger d’après elle, est la franchise avec le client, qui tend à construire la relation. De plus, référer les clients à d’autres professionnels si l’on ne peut pas être d’une grande aide pour eux, amène souvent les clients à rappeler et à référer leurs amis et membres de famille. « La référence est tout aussi précieuse que fournir directement le service », conclut-elle.

Le mentorat et le réseautage

Selon Me Omar Ha-Redeye, les éléments essentiels à la réussite sont le mentorat et de solides relations avec les membres expérimentés du Barreau. « Les associations professionnelles comme l’Association du Barreau canadien offrent d’excellentes occasion de développer ces relations. D’après mon expérience, la plupart des avocats qui se joignent aux organisations bénévoles le font parce qu’ils se soucient de l’avenir de la profession juridique. Ils sont, par conséquent, plus susceptibles d'aider les jeunes praticiens. »
 

Les conseils des experts

Jean-François L'Archevêque Montpetit, JFLM, Montreal

«Gardez la tête haute et maintenez une bonne réputation, car cette dernière peut jouer en votre faveur ou contre vous. Saisissez les bonnes opportunités au bon moment. »

Julie K. Fowler, avocate en droit de la famille au Cabinet de Me Julie K. Fowler, Washington

« Il est important d’avoir un praticien expérimenté à qui vous pourrez poser des questions.  Ne laissez pas l’orgueil vous empêcher de demander de l’aide. »

Omar Ha-Redeye, avocat en droit de la santé et en gestion de la réputation à Fleet Street Law, Toronto

«La façon d’exercer la profession est en constante évolution. Avec l’effondrement de cabinets d’avocats tel que Heenan Blaikie, on peut voir que les structures traditionnelles de la pratique ne sont plus la seule option. Il est temps d’embrasser les changements et d’utiliser l’innovation pour s’adapter. »

Stephanie Kimbro, co-directrice du Centre de droit et de technologie (Florida Coastal Law School) et fondatrice de Curo Legal, Carline du Nord

«La commercialisation de vos services en ligne n’est pas sans risques en matière d’éthique. Faites preuve de diligence raison­nable dans la sélection de la technologie que vous utilisez et vous n’aurez pas de peine à rester en conformité avec les exigences du Barreau. »