Faire ce qui s’impose

barbara findlay a passé 45 ans de sa vie à défendre les droits et les intérêts des personnes queer et trans. Pour les plus jeunes lecteurs, l’égalité des droits des gens de la communauté LGBTQ+, cela peut aller de soi. Mais ils doivent remercier M^e findlay et ses nombreuses années de dévouement pour cet état de choses.

« J’ai commencé à étudier à la faculté de droit quatre ans avant la décriminalisation, raconte-t-elle. Soit vous étiez mauvais parce que vous étiez criminel, soit vous n’aviez plus votre raison parce que [l’homosexualité] était considérée comme un problème de santé mentale. Le monde a changé. »

Dans ses entrevues de stage, se rappelle-t-elle, on lui a posé les questions types qu’on sert aux femmes : Que pense son mari du fait qu’elle travaille à l’extérieur? Quelle est sa méthode de contraception? Certains recruteurs masculins lui ont dit qu’ils n’hésiteraient pas à retenir ses services, mais que certains de leurs clients seraient réticents.

Après plus de dix ans à travailler à l’aide juridique et quelques années à la faculté de droit de l’Université de la Colombie-Britannique, M^e findlay a ouvert un cabinet spécialisé dans la représentation des personnes queer.

À cette époque-là, il lui fallait bien expliquer aux nouveaux clients que la partie adverse tiendrait comme acquis qu’ils étaient gais ou lesbiennes s’ils faisaient appel à ses services. Elle leur offrait la possibilité de les aiguiller vers un autre avocat s’ils ne pouvaient pas se permettre qu’on tire cette conclusion à leur endroit. Certains clients sont partis.

Les avocats qui s’affichaient ouvertement queer étaient rares, à tel point que lorsqu’elle a organisé une séance de la CORIS (la communauté sur l’orientation et l’identité sexuelles) avec les dirigeants de l’ABC et de la Law Society of British Columbia pour mieux faire connaître les conditions dans lesquelles les juristes queer travaillaient, elle a dû leur faire signer une déclaration dans laquelle ils s’engageaient à ne pas révéler l’identité des personnes qu’ils rencontreraient.

« Nous avons retenu notre souffle dans les premières années suivant l’adoption de la Charte, se souvient-elle, pour savoir si le terme “orientation sexuelle” offrirait bel et bien une protection, et ensuite si cette protection, si protection il y avait, s’appliquerait aux relations queer ou seulement aux personnes queer. »

M^e findlay a été aussi active dans la profession juridique que devant les tribunaux, elle qui a cofondé la CORIS et sensibilisé les membres de la profession et de la magistrature aux droits des personnes queer et trans.

Elle est devenue conseillère de la reine en 2001. L’an dernier, elle s’est vu décerner le prix Georges-Goyer, la plus haute distinction conférée par la Division de la Colombie-Britannique de l’ABC.

Le prix d’excellence Louis-St-Laurent est la plus haute distinction que remet l’ABC à un membre afin de reconnaître les services exceptionnels que cette personne a rendus et les réalisations professionnelles qu’elle a menées tout au long de sa carrière pour le bien de la profession juridique, de l’ABC et de la société en général.

Les réalisations de M^e findlay sont nombreuses; on lui connaît notamment la défense du droit d’une femme trans à travailler comme conseillère bénévole sur la question du viol dans l’affaire Nixon v. Rape Relief. Elle a aussi réussi à faire reconnaître le droit de deux mères conjointes non biologiques à se faire inscrire comme « parent » sur le certificat de naissance de leur enfant. Elle a défendu les droits de femmes autochtones au sujet des biens matrimoniaux sur les réserves et le droit des jeunes trans de prendre leurs propres décisions médicales.

M^e findlay contribue au désapprentissage du racisme depuis 1984. Elle a animé des centaines d’ateliers pour des juristes, des écoles, des employeurs, des prisons et d’autres institutions. « Jamais nous ne vivrons dans un monde juste si nous ne consacrons pas autant d’efforts à travailler contre les formes de nos privilèges que contre les formes de notre oppression, déclare-t-elle. » 

Le prix d’excellence Louis-St-Laurent est la plus haute distinction que remet l’ABC à un membre afin de reconnaître les services exceptionnels qu’il a rendus et les réalisations professionnelles qu’il a menées tout au long de sa carrière pour le bien de la profession juridique, de l’ABC et de la société en général. La portée et l’ampleur de ces réalisations sont des facteurs importants dans l’attribution de cette distinction, tout comme la contribution aux objectifs de l’ABC. Le Prix a été nommé en mémoire de Louis St-Laurent, un ancien premier ministre du Canada et président de l’Association du Barreau canadien. Consultez la liste des lauréats et lauréates.