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Sébastien Guénette: L’art de tisser des liens

« Le fait d’avoir pu entretenir les relations que j’ai développées au fil des ans représente le meilleur investissement de ma carrière. »

Sébastien Guénette, directeur des affaires juridiques chez JUUL Labs Canada
Sébastien Guénette, directeur des affaires juridiques chez JUUL Labs Canada

« J’ai toujours ressenti le besoin de redonner à la collectivité et de m’impliquer. Le bénévolat a occupé une place importante dans tout ce que j’ai accompli », note Sébastien Guénette, directeur des affaires juridiques chez JUUL Labs Canada.

Que ce soit en se faisant passer pour le père Noël au téléphone dans le but de recueillir des fonds pour The Lighthouse, un organisme de bienfaisance qui offre des soins pédiatriques palliatifs pour les familles de Montréal, sa ville natale, en présidant le conseil d’administration de l’École nationale de cirque, en agissant comme mentor pour de jeunes juristes ou en s’impliquant activement dans de nombreux comités de l’ACCJE et de l’ABC, Sébastien est une véritable source d’inspiration.

Ce sens de la responsabilité sociale se transpose jusque dans le choix de son lieu de travail. Après 20 ans de pratique, notamment à titre de conseiller juridique en entreprise chez GE Capital, SNC-Lavalin et plus récemment, JTI-Macdonald, où il a été directeur des litiges durant les neuf dernières années, c’est pour le compte de la nouvelle filiale canadienne de JUUL Labs que Sébastien est entré en fonction en juin dernier. JUUL Labs est une société de produits de vapotage fondée par d’anciens fumeurs dont l’objectif est d’améliorer la qualité de vie d’un milliard d’adultes fumeurs en éliminant la cigarette ordinaire.

« J’ai fait mes devoirs de diligence raisonnable avant d’accepter le poste. Je voulais être certain de me joindre à une organisation responsable », précise-t-il. « L’entreprise est toujours soucieuse de bien faire les choses. Tout le monde travaille selon des lignes directrices strictes et les écarts de conduite ne sont pas permis. Le mode de fonctionnement de l’entreprise ne laisse place à aucun risque. [Par exemple,] l’entreprise fait tout en son pouvoir pour s’assurer que les jeunes ne peuvent avoir accès aux produits de vapotage. »

Quant à son poste, « il s’agit d’un défi incroyable, puisque c’est la première fois que j’exerce à titre d’avocat principal. La société a commencé ses activités en août 2018 au Canada, alors c’est un peu comme si je me joignais à une entreprise en démarrage — sur les stéroïdes! Beaucoup d’énergie, beaucoup de travail… et pas mal de désorganisation », affirme-t-il en riant.

Ce cadre lui convient parfaitement. Sébastien se sentait prêt à relever son prochain défi professionnel et bien que « JTI soit une très bonne entreprise » avec des « employés talentueux et extraordinaires », la progression au sein de l’entreprise venait avec l’obligation de se déplacer. Avec de jeunes enfants à la maison et des parents vieillissants, cela ne lui convenait pas. « Chez JUUL Labs, j’ai la possibilité d’être à la tête du service, tout en ayant la chance de demeurer à Montréal [la plupart du temps]. »

« L’expérience que j’y vis est tellement enivrante, c’est comme si je me sentais renaître. Je n’ai pas travaillé aussi fort depuis une éternité, mais j’ai du plaisir tous les jours », ajoute-t-il. « Mes nouveaux collègues sont hautement motivés, bourrés de talent, passionnés et très accueillants. C’est comme si je faisais partie de la famille depuis des années. »

Famille et collectivité

Même si Sébastien doit passer beaucoup de temps sur la route tandis qu’il s’adapte à son nouveau rôle, sa famille demeure sa priorité numéro un : « J’essaye de passer le plus de temps possible avec mes enfants, qui ont 4 et 6 ans. » Pour être au mieux de sa forme quand il est avec eux, il prend conscience de l’importance de rester en bonne santé. Ancien adepte du parachutisme — une carrière qu’il a mise sur pause, mais qu’il souhaite reprendre lorsque ses enfants seront un peu plus vieux —, il pratique à présent la course à pied.

« Je suis vraiment rendu mordu, souligne-t-il, je ne pars plus en voyage sans mes souliers de course. C’est la première chose que je fais en me levant le matin ou après un long vol. Courir me donne l’énergie dont j’ai besoin pour bien faire ma journée. »

Il fait preuve de la même énergie et du même enthousiasme pour son autre priorité : l’engagement communautaire. Cet engagement débute à l’école secondaire et se poursuit tout au long de ses études de droit, puis au sein de l’ACCJE. En 2013, il se joint au conseil d’administration de l’École nationale de cirque, encouragé par un ancien patron. Ne possédant alors aucune connaissance ni expérience particulière dans le domaine du cirque, il est vite ébloui par la passion, le talent et le cran des élèves. En 2017, il devient président du conseil d’administration.

« Au début, mon intérêt pour la formation des artistes de cirque était plutôt vague, mais avec le temps c’est devenu une véritable passion », explique-t-il. « Je suis très fier de contribuer, à ma façon, au succès des élèves et de l’école — c’est la meilleure école de cirque au monde! »

Sur le plan personnel, il assure tirer grandement profit de son implication aussi : « Ce conseil est fascinant et compte des professionnels qui proviennent de milieux très divers. Nous avons des membres qui viennent de cabinets d’avocats, de l’industrie de la finance, de la publicité, du cinéma et encore. C’est un conseil très diversifié. »

Sébastien insiste sur le fait que « la diversité est essentielle au sein d’un conseil d’administration. » Selon lui, « Ce sont les expériences diverses de chacun des membres qui donnent toute sa richesse au processus. Par exemple, certains éléments peuvent être signalés par les avocats et ensuite expliqués par d’autres autour de la table, et d’autres fois ce sera l’inverse. J’aime beaucoup travailler avec les membres de ce conseil d’administration. »

Mentors et amis

Les gens sont au cœur du succès de Sébastien : « Selon moi, le fait d’avoir pu entretenir les relations que j’ai développées au fil des ans représente le meilleur investissement de ma carrière. »

« Quand on travaille dans un cabinet d’avocats, notre bureau est généralement situé en plein centre de l’action. On a la possibilité d’aller dîner avec différentes personnes et on est toujours en contact avec quelqu’un », observe-t-il. « Quand on devient conseiller juridique en entreprise, nos bureaux sont souvent en banlieue, à l’extérieur de la ville. Ça devient facile de s’isoler. Je pense qu’il est important pour les avocats en entreprise, d’un point de vue professionnel, de rester en contact avec leurs collègues. Le bagage de nos pairs est très enrichissant; il y a tant de leçons à tirer à partir des expériences vécues par ceux et celles qui nous entourent. C’est une ressource inestimable. »

Il donne l’exemple suivant : « Une amie avec qui je suis resté en contact au fil des ans est aujourd’hui directrice juridique d’une grande entreprise en démarrage. Quand j’envisageais de changer d’entreprise, nous nous sommes rencontrés. J’avais certaines [réserves et préoccupations]. Le fait d’être resté en contact avec elle m’a vraiment aidé à prendre ma décision. »

Il fait toutefois remarquer que les relations ne doivent pas être à sens unique : « Je crois que nous avons une responsabilité comme avocats et avocates d’agir à titre de mentors pour nos pairs. Selon moi, nous devrions tous prendre le temps de créer des liens avec quelqu’un qui en est à ses premiers pas au sein de la profession ou qui n’a que quelques années de pratique, afin de l’aider à trouver ses repères. Nous nous devons d’être là pour ceux et celles qui pourraient avoir besoin de conseils ou qui cherchent du soutien. Il s’agit d’une responsabilité qui nous incombe et qui est à la fois extrêmement gratifiante. »

En se remémorant ses premières années dans la profession, Sébastien explique que comme la politique et l’économie l’avaient toujours intéressé, il s’était dit que le droit devait être un domaine intéressant. « J’ai poursuivi des études en droit sans trop savoir où elles allaient me mener. J’ai alors été embauché par Lavery, un cabinet de Montréal, et à partir de là j’ai trouvé ma voie. Heureusement, en cours de route, j’ai rencontré des personnes qui ont été d’excellents mentors. J’ai énormément appris d’eux. »

« C’est drôle, se souvient-il en souriant, lorsque j’étais stagiaire, il y avait un avocat que j’aimais beaucoup. Il était mon conseiller, celui qui me remettait en question. Il avait, je crois, 43 ans à l’époque et j’étais encore jeune. Je le trouvais si vieux! Pas dans le sens de vieillard, mais il avait tant d’expérience, il avait accompli et vu tant de choses. Aujourd’hui quand je me regarde, ayant à peine un an de plus que lui, je me trouve encore assez jeune. »

 

Cet article a initialement paru dans le numéro d'automne 2019 du Magazine de l'ACCJE.