Bien-être en milieu de travail
Comment certains cabinets favorisent la promotion de la santé mentale.
Fogler Rubinoff: Chaner les incitations
Fogler Rubinoff, un cabinet multiservice ayant des bureaux à Toronto et à Ottawa, tente d’aborder les questions de santé mentale en milieu de travail en changeant les incitations qui ajoutent aux pressions qui pèsent sur les employés.
« L’adoption de nouvelles mesures du rendement est la mesure principale que nous avons prise qui pourrait nous distinguer des autres cabinets, nous permettant de nourrir une culture qui prône réellement la santé mentale », affirme Myriah Graves, directrice du perfectionnement professionnel dans le cabinet Fogler Rubinoff.
Au lieu de se fier uniquement aux heures facturables comme base de la rémunération, l’an dernier le cabinet a commencé à tenir compte d’éléments du travail en équipe et de comportements adoptés pour le bien du cabinet dans son ensemble. Ses évaluations du personnel comportent désormais des mesures du nombre de dossiers renvoyés à des associés et le nombre de personnes qui travaillent avec les clients.
« Nous avons demandé aux avocats et aux avocates de réfléchir à la manière dont ils collaborent en tant qu’équipe, et c’est une collaboration et un travail d’équipe plus importants. Vous n’êtes plus tenu de faire tout le travail par vous-même parce que vous pensez que c’est la seule façon de récupérer tous les lauriers. La reconnaissance découle des encouragements prodigués aux autres et du travail en équipe », dit-elle. « Cela réduit la pression qui pèse sur vous en tant qu’individu. »
Le cabinet, où exercent actuellement 110 juristes, s’est véritablement lancé dans la promotion du bien-être pour la première fois en participant au projet Ça va pas aujourd’hui, qui propose de la documentation, des activités, des outils et des ressources.
Selon Me Graves, le projet propose trois objectifs qui correspondent bien avec la stratégie de bien-être mental adoptée par le cabinet Fogler Rubinoff :
- accroître la sensibilisation et la compréhension des enjeux en matière de santé mentale,
- réduire la stigmatisation connexe à ces situations,
- favoriser une culture professionnelle de soutien et de compassion.
Au moyen du programme, le cabinet a adopté le port de « macarons d’humeur » pour encourager les conversations. Les membres du personnel qui se sentent stressés peuvent porter le macaron qui reflète leur état d’esprit. Leurs collègues peuvent leur poser des questions sur les difficultés auxquelles ils font face. C’est une façon d’inciter les gens à se parler. Il y a aussi un « mur de la positivité » où les employés peuvent faire état d’une expérience positive avec un collègue.
Fogler Rubinoff exige également que les dirigeants du cabinet suivent le cours de premiers soins en santé mentale offert par la Commission de la santé mentale du Canada de manière à être formés au soutien de personnes en difficulté. Il invite jusqu’à quatre conférenciers par an pour parler de la santé mentale. Le cabinet encourage la méditation consciente et a une prime de bien-être.
Ville d'Edmonton: soutenir l'esprit de travail
En 2019, la ville d’Edmonton a inauguré un nouveau programme intitulé L’esprit au travail. Conçu par la Commission de la santé mentale du Canada, le programme s’inspire d’un programme similaire élaboré par le ministère de la Défense nationale. Les personnes utilisent des couleurs pour indiquer leur degré de santé mentale personnelle afin de pouvoir éviter d’employer des expressions favorisant l’ostracisme telles que « journée pour fatigue mentale ».
Cyndil Taylor, qui exerce dans le domaine du droit du travail et de l’emploi, est une animatrice formée dans le contexte du programme L’esprit au travail. Elle dit que les couleurs sont les mêmes que celles qui sont utilisées dans le cadre des procédures administratives liées au programme de lieu de travail respectueux de la ville.
« L’avantage, c’est que nos employés connaissent déjà l’éventail des couleurs », explique-t-elle. « Pour eux, il est donc beaucoup plus facile à adopter puisqu’ils savent déjà ce que signifient les différentes couleurs. »
Selon Me Taylor, la formation a suscité une réaction positive. À date, les superviseurs et formateurs suivent le cours d’une journée. En formant les superviseurs en premier, cela leur permet d’utiliser des exemples et des expériences propres à leur service ou à leur unité, tout en maintenant une uniformité à l’échelle du programme dans son ensemble. Aux deuxième et troisième trimestres de 2020, le programme sera accessible à tous les employés municipaux, y compris ceux du service du contentieux.
De plus, le service du contentieux propose en permanence à ses employés un soutien par les pairs. Les membres du groupe de soutien par les pairs ont été formés pour traiter des questions de santé mentale et sont identifiés comme tels grâce à une inscription apposée sur la porte de leur bureau.
Fasken: gestion du temps
Le cabinet Fasken a mis en place plusieurs initiatives pour aider ses professionnels du droit à gérer les exigences du travail sur de multiples dossiers à la fois, tous ayant des échéances très serrées se chevauchant. Le cabinet parle ouvertement de ses approches de la santé mentale et recherche les occasions de dissiper l’ostracisme lié à la santé mentale.
Dans une déclaration écrite, le cabinet Fasken dit avoir mis en place des programmes de répartition du travail afin de veiller à ce que les tâches soient réparties uniformément entre ses avocats. Il offre aussi des arrangements de travail à temps réduit ou autres formes d’assouplissement des horaires.
La gestion efficace du temps peut être une source de stress, et le cabinet Fasken propose un accompagnement dans ce domaine. Les juristes nouvellement recrutés sont une priorité : en 2019, Morneau Shepell a animé un atelier de sensibilisation à la santé mentale destiné à tous les juristes dans leur première année d’exercice dans le cabinet. Le programme de mentorat du cabinet joue également un rôle dans le soutien apporté aux juristes et au personnel.
On trouve les suivantes parmi les autres initiatives du cabinet Fasken :
- une page Web sur la santé mentale comportant des ressources facilement accessibles,
- des services gratuits de counseling accessibles en tout temps proposés par Morneau Shepell aux juristes et à leurs familles,
- l’accès à des vidéos LifeSpeak portant sur un vaste éventail de sujets liés à la santé mentale,
- un soutien pour certains de ses professionnels qui souhaitent obtenir le certificat du programme de formation sur la santé mentale en milieu de travail enseigné à l’Université Queen’s.
Ces initiatives ont indiqué aux juristes que le cabinet souhaite encourager une culture d’ouverture et de soutien. En 2019, le cabinet a engagé Beth Beattie, une avocate qui parle ouvertement de sa réalité de vie avec un trouble bipolaire, pour qu’elle fasse un exposé aux juristes. Le cabinet Fasken affirme qu’au moyen de ces formes de soutien, il a engagé des avocats et avocates aux prises avec des troubles de santé mentale et a constaté que plus nombreuses sont les personnes qui n’hésitent pas à révéler les difficultés qu’elles vivent