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Femmes détenues laissées pour compte

Elles doivent avoir un meilleur accès aux soins de santé en milieu carcéral.

Woman in prison

Ce n'est pas comme si lorsque les femmes entrent en prison, elles se transforment automatiquement en robots, n'ayant jamais besoin d'avoir accès aux soins de santé. Du moins, c'est ce que ma mère m'a appris.  

Même avant la pandémie de Covid-19, l'accès aux soins de santé pour les femmes purgeant une peine fédérale était presque impossible. Le système correctionnel canadien n'a pas réussi à embaucher un nombre suffisant de professionnels de la santé. De nombreux médecins, psychiatres et dentistes étaient engagés pour travailler seulement un nombre limité d'heures par semaine ou par mois. Cela signifie que les besoins médicaux des détenues n'étaient généralement pas satisfaits ou étaient traités de manière inappropriée. 

La pandémie nous rappelle que le système correctionnel échoue une fois de plus à offrir un meilleur accès aux soins de santé aux femmes dans les pénitenciers fédéraux du Canada. Comme nous le savons tous, les détenues ne sont plus des humains dès qu'elles entrent dans une cellule de prison froide. Mais non ! Les détenues sont tout aussi humaines que les personnes vivant dans la communauté.  

Les femmes purgeant une peine fédérale représentent environ 6 % de la population totale des détenus sous responsabilité fédérale, et 42 % des femmes en détention fédérale sont autochtones. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'avoir subi des violences physiques et sexuelles et sont deux fois plus susceptibles d’obtenir un diagnostic de trouble de santé mentale et physique grave. Comme l'a suggéré Catherine Latimer, directrice générale de la Société John Howard du Canada, les besoins en santé des femmes détenues comprennent un taux plus élevé que la moyenne de maladies infectieuses et de maladies mentales. Le Réseau juridique canadien VIH/sida a indiqué que les taux d'infection par le VIH (11,7 %) et l'hépatite C (49,1 %) sont plus élevés chez les femmes détenues.  

On pourrait penser qu’il est facile d’avoir accès au système de santé en prison — si vous êtes malade, vous obtenez l'aide dont vous avez besoin —, mais malheureusement, nous aurons besoin de l'aide de Sherlock Holmes pour résoudre ce problème.  

À la suite de la récente pandémie de Covid-19, l'accès aux services de soins de santé a été rendu presque impossible. Même avec 360 personnes qui ont contracté le virus dans les prisons fédérales en 2020, le simple fait d'avoir accès à du désinfectant pour les mains n'était pas autorisé pour les détenues. Adeline Iftene, professeure adjointe à l'École de droit Schulich et directrice associée de l'Institut du droit de la santé de l'Université Dalhousie, a déclaré que les équipements de protection individuelle et le désinfectant pour les mains ne sont disponibles que pour le personnel dans les prisons.  

Il existe de nombreux obstacles à l'accès à des soins de santé acceptables. Il s'agit notamment du manque de formation adéquate des agents correctionnels en matière d'identification et de gestion des crises sanitaires, de la surpopulation, du manque d'agents d'escorte, et de la pénurie de professionnels de la santé. De plus, l’accès aux médicaments est un problème. Par exemple, en Ontario, il y a peu d'informations disponibles concernant les protocoles durant la pandémie. À cause de ce manque d’information, les tests de Covid-19 sont insuffisants et les maladies ne sont pas traitées.  

Je suis certaine qu'il y a des personnes qui lisent cet article et se disent « pourquoi devrais-je me soucier du fait que les détenues n'ont pas accès aux soins de santé ? Ce ne sont que des criminelles et elles ne méritent pas les mêmes soins de santé que le reste d'entre nous ». Cependant, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition suggère le contraire. Les groupes de personnes les plus vulnérables devraient pouvoir bénéficier des droits fondamentaux tels que l'accès aux soins de santé en cas de besoin. La Loi stipule que le Service correctionnel du Canada est responsable de fournir « à chaque détenu les soins de santé essentiels et l'accès aux soins de santé mentale non essentiels qui contribueront à la réadaptation du détenu et à la réussite de sa réinsertion dans la communauté ».  

Après tout, ma mère avait donc raison, les femmes doivent définitivement avoir accès aux soins de santé, même lorsqu'elles sont en prison — désolé Netflix, vous pouvez annuler la série de robots. Je suggère fortement que le système correctionnel canadien investisse leur temps pour offrir un meilleur accès aux soins de santé aux femmes dans les prisons fédérales.