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Sensibilisation

Un coup d’œil aux initiatives pour accroître la diversité dans les facultés de droit canadiennes.

Atrisha Lewis, McCarthy Tétrault

S’inscrire à la faculté de droit est une décision majeure pour la plupart des jeunes. Les exemples au sein de la communauté peuvent les aider à prendre leur décision en connaissance de cause.

Inauguré officiellement en janvier, Black Future Lawyers est un projet de la Faculté de droit de l’Université de Toronto, de l’Association des étudiants noirs en droit, des membres de la communauté des anciens étudiants et de la profession juridique dans son ensemble. Financé par la Faculté de droit et le bureau du grand prévôt, il a pour but de faire entrer plus d’étudiantes et étudiants noirs à la Faculté de droit au moyen de la sensibilisation de possibles intéressés, de mentorat pour accompagner le processus de demande et d’un volet d’admission spécifique.

Le projet est conçu sur le même modèle qu’un programme similaire en place à la Faculté de médecine de l’Université. Depuis la création du programme en 2017, le nombre d’étudiantes et d’étudiants noirs qui s’inscrivent à la Faculté de médecine est passé d’un à plus d’une douzaine par an.

Black Future Lawyers a organisé plusieurs activités depuis le lancement et a retenu l’attention tant dans les médias professionnels que de ceux de nature plus générale. Sa deuxième conférence organisée en février a attiré entre 140 et 160 personnes venues de toute la province.  

Atrisha Lewis, avocate dans le cabinet McCarthy Tétrault et conseillère auprès du Barreau de l’Ontario, était la conférencière principale.

« Lorsque j’ai discuté avec certains des étudiants, nombreux sont ceux qui se demandaient si le droit est la bonne carrière pour eux ou s’ils pourraient y prospérer », explique-t-elle. « Je m’efforçais de les inspirer, de les rassurer sur le fait que oui, il y a bien une place pour eux, que l’avenir leur appartient. »

Novalee Davy, étudiante en deuxième année d’études au programme juris doctor/MBA et présidente de l’Association des étudiants noirs en droit de l’Université de Toronto, dit qu’il importe pour les femmes comme maître Lewis de partager leur expérience, particulièrement pour les femmes noires des plus jeunes générations. « Tout simplement parce que sa fonction de conseillère auprès du Barreau de l’Ontario et toutes ses réalisations à ce jour ont été une riche source d’inspiration pour grand nombre des étudiants présents », affirme-t-elle.

Selon Mme Davy, les activités de sensibilisation donneront aux possibles étudiantes et étudiants en droit une occasion de tisser des liens au sein de la communauté juridique.

« Quand j’étais enfant, je ne connaissais aucun juriste. Il n’y en avait ni dans ma famille ni dans mon entourage », dit-elle. « Même une fois entrée à la faculté de droit, j’ai été vraiment surprise de constater à quel point il y avait peu [de personnes noires] pendant ma première année. »

Me Lewis, qui voulait être avocate depuis qu’elle avait sept ans, ne peut, elle non plus, se souvenir d’avoir connu d’avocats avant de commencer ses études de droit.

La sensibilisation est une manière d’informer les gens qui peuvent ne pas connaître de juristes ou en avoir dans leur communauté. « Je pense que c’est un réel avantage de connaître des juristes », dit Me Lewis.

Le programme permet aux étudiantes et étudiants qui s’identifient comme étant noirs de s’inscrire au moyen du volet Black Future Lawyers dans le cycle conduisant à une admission en 2021. Au moins trois membres de la communauté noire examinent les demandes présentées dans ce volet. Cette disposition « garantit que quelqu’un qui lit la déclaration a un vécu similaire à celui du demandeur », déclare Mme Davy. « Si ces demandes ne sont pas placées dans le contexte correct, on ne leur accorde pas la valeur qu’elles méritent. C’est donc un élément important du programme. »

Un programme établi

Alors que Black Future Lawyers est une nouvelle initiative visant à répondre à des préoccupations de longue date dans les facultés de droit, elle n’est pas sans précédent. La Indigenous Blacks & Mi'kmaq Initiative à la Faculté de droit Schulich de l’Université Dalhousie a récemment fêté son 30e anniversaire. Découlant d’une convergence des préoccupations des communautés noire et Mi'kmaq dans les années 1980 en Nouvelle-Écosse, elle a produit plus de 200 diplômés depuis son inauguration en 1989; diplômés dont un grand nombre exercent en Nouvelle-Écosse, dans toutes les régions du Canada et du monde.

« Tous n’ont pas accepté ou compris le but ou le besoin qui sous-tend l’initiative », précise Aleta Cromwell, directrice de l’initiative par intérim. « Par conséquent, on a constaté une résistance dans certaines classes, et cela se poursuit, je pense…. Certains de nos professeurs qui enseignent aujourd’hui dans des facultés de droit sont des diplômés de cette initiative », dit-elle, citant Naiomi Metallic et Maria Dugas, actuellement membres du corps professoral. Trente ans plus tard, les enfants des diplômés s’inscrivent au programme « et c’est un legs formidable à constater ».

Le programme reçoit approximativement 40 demandes par an dont 12 sont acceptées, généralement 6 présentées par des candidats Mi'kmaq et 6 par des candidats noirs.

La stabilité du financement est essentielle au succès de l’initiative. Le gouvernement provincial, l’Université Dalhousie et la Law Foundation of Nova Scotia continuent tous à apporter leur soutien.

Une approche holistique 

Contrairement aux initiatives ciblées, la Faculté de droit Osgoode Hall poursuit une stratégie différente visant à diversifier l’ensemble de ses étudiantes et étudiants. Elle a éliminé il y a plus de dix ans le système d’admission fondé sur des catégories pour le remplacer par une approche holistique.

« Nous considérons les [candidates et candidats] dans le contexte de leur déclaration personnelle, de leurs lettres de recommandation et de leur vécu », explique Mya Rimon, doyen adjoint des services aux étudiants à la Faculté de droit Osgoode Hall. « Nous sommes très performants pour identifier les candidats et les candidates qui ont des forces dans tous ces domaines. Il arrive qu’une force dans l’un des domaines compense une faiblesse dans un autre. »

La Faculté de droit Osgoode Hall est le siège d’un vaste et très actif chapitre de l'Association des étudiants noirs en droit et la Faculté a des partenariats avec l’Association pour la réalisation de nombreux projets de sensibilisation auprès des élèves des écoles secondaires et des étudiants du premier cycle. Récemment, plus de la moitié du corps étudiant s’est identifiée comme n’étant pas de race blanche, dit Mya Rimon.

« C’est l’effet Pygmalion », précise-t-elle. « Ce qu’un grand nombre de nouveaux étudiants et étudiantes nous disent à propos de leur choix de la Faculté de droit Osgoode, c’est : “je suis venu visiter la faculté et j’ai vu des personnes comme moi qui y étudiaient.” »