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Tous à bord

Réussir l’intégration des étudiants — en mode virtuel

High angle view of Woman using laptop at table

En raison de la COVID-19, les perspectives d’emploi au sein des cabinets d’avocats sont plutôt incertaines pour les étudiants et étudiantes en droit. Un cabinet de la région d’Ottawa y voit, toutefois, une plutôt belle occasion.

Momentum Law, qui offre ses services principalement à de petites et moyennes entreprises du carrefour de la haute technologie de Kanata, accueille quatre étudiants en 2020 : deux étudiants d’été et deux stagiaires. Établi il y a cinq ans, le cabinet a embauché son premier étudiant en 2016 et a continué d’offrir un poste chaque année jusqu’en 2019. La PDG et fondatrice Megan Cornell explique que le cabinet avait déjà pris la décision de doubler le nombre d’étudiants dans son programme d’été cette année, le faisant passer d’un à deux. Quand les bureaux ont dû fermer au printemps, elle a décidé de tout de même aller de l’avant avec un programme virtuel. Compte tenu de l’annulation des examens du Barreau prévus pour juin, le cabinet a invité ses stagiaires à commencer à travailler en même temps que ses étudiants d’été, dès le mois de mai. De cette façon, l’avocate précise que le cabinet a la chance de regrouper la formation et de veiller à ce que les étudiants et étudiantes travaillent les uns avec les autres.

« C’est ainsi que nous accueillons quatre étudiants plutôt qu’un seul, comme cela était notre habitude », explique-t-elle. « Puisque nous fonctionnons très bien en mode virtuel, nous nous sommes dit que nous étions en mesure d’y arriver. Il n’y a qu’à faire preuve de flexibilité, à bien planifier et à s’assurer de leur offrir un environnement de travail décent. »

Dès le départ, Momentum Law a mis en place un calendrier détaillé et a divisé les tâches par heure et par étudiant. Une grande partie du travail effectué par le cabinet consiste à réviser et à rédiger des contrats et il était important pour Me Cornell d’offrir à ses étudiants et étudiantes un environnement d’apprentissage par l’expérience. « Nous étions tellement déterminés à ce que cela fonctionne et avons poussé la réflexion encore plus loin que nous l’avions fait auparavant », souligne-t-elle.

Une expérience en personne, en ligne

Lorsqu’il s’agit de tisser des liens et de bâtir des relations professionnelles de confiance avec les étudiants en droit, la proximité n’est pas toujours facile à supporter. « Une bonne partie de l’apprentissage se fait en nous observant discuter avec les clients et en nous accompagnant tout au long d’une journée de travail », observe Me Cornell.

En ce sens, le passage généralisé vers la formation à distance préoccupe de nombreux cabinets d’un bout à l’autre du Canada. Craig Brown, associé au sein du groupe de pratique en technologies émergentes chez Fasken, mentionne que bien que le cabinet ait réussi son passage aux activités en ligne sans trop d’interruptions, certaines préoccupations demeurent quant au peu de temps que les étudiants passent au bureau entourés de leurs collègues et de juristes chevronnés.

Dans une entrevue accordée au magazine ABC National en mai, l’avocat observe que « ce type d’échanges spontanés qui donnent lieu à différentes formes d’apprentissage n’a pratiquement plus lieu. Je crois qu’il nous reviendra de créer des espaces où les étudiants pourront au moins tirer profit d’une partie de cette expérience, étant conscients qu’il s’agira d’une lacune. »

Les résultats se font déjà sentir

Selon Me Cornell, le travail accompli par les étudiants ensemble et avec les avocats du cabinet a été exceptionnel. À peine quelques semaines après avoir commencé, ils assuraient déjà la correspondance avec les clients et rédigeaient des notes de recherche.

Toutefois, elle souligne que des préparatifs sont nécessaires pour lancer un programme virtuel pour étudiants. D’abord, de nombreux documents du bureau doivent être numérisés afin que tous puissent y avoir accès.

« Pas besoin de se casser la tête », ajoute-t-elle. « Il faut juste avoir le temps de le faire, et une bonne raison. Dans notre cas, nous étions déjà bien partis. Comme les étudiants ont besoin de consulter ces documents, cela nous a encouragés à continuer le projet même si nous étions tous bien occupés ailleurs. »

Maître Cornell publie régulièrement sur LinkedIn au sujet de son expérience avec les étudiants et elle a même enregistré un vidéobavardage (uniquement en anglais) avec eux en mai dernier. Dans une publication récente, elle recommande de concevoir un organigramme pour expliquer le fonctionnement des différents systèmes logiciels et leur interaction au sein du cabinet. Elle insiste aussi sur l’importance d’aider les étudiants à trouver et à utiliser ce qui existe déjà afin de rédiger divers documents plus aisément.

Il est essentiel que l’équipe s’engage à réserver du temps pour la rétroaction, même si cela nécessite des heures supplémentaires. Surtout, il est primordial de fixer des attentes dans le cadre du programme d’accueil et d’intégration et de ne pas hésiter à ce que celles-ci soient élevées.

L’expérience acquise par Momentum Law quant au processus d’accueil et d’intégration virtuel peut servir de modèle aux cabinets qui songent à embaucher des étudiants, mais qui ont hésité à le faire dans le passé parce qu’ils manquaient d’espace ou craignaient que des échanges à distance manquent d’efficacité.

Toujours selon Megan Cornell : « Le fait d’intégrer les étudiants de façon virtuelle offre aux juristes qui pratiquent seuls ou en petits cabinets la possibilité d’offrir des stages, alors qu’il leur était peut-être plus difficile de le faire auparavant ».