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À la rencontre du nouveau chef de la direction de l'ABC

Simon Coakeley s'entretient avec ABC National sur l'avenir de l'association alors que la profession juridique sort de la pandémie et anticipe la reprise économique.

Simon Coakeley, chef de la direction, Association du Barreau canadien
Simon Coakeley, chef de la direction, Association du Barreau canadien Blair Gable

ABC National : En tant qu’avocat, que signifie pour vous le fait d’assumer ces nouvelles fonctions de chef de la direction de l’ABC?

Simon Coakeley : Je suis réellement ravi de me joindre à l’équipe de l’Association du Barreau canadien. Je suis devenu avocat en Ontario dans les années 1980 et puis j’ai fait carrière au sein du gouvernement fédéral dans des fonctions administratives ou de direction. Me voici en quelque sorte revenu à la source. À mes yeux, ce qui compte le plus, c’est que l’ABC, tant à l’échelle nationale que provinciale, grâce au travail de ses sections et à ses comparutions devant des comités parlementaires, contribue à faire de ce pays ce qu’il est aujourd’hui. Je ne pense pas qu’il soit particulièrement ridicule de dire que je crois que le Canada est l’un des pays offrant la meilleure qualité de vie au monde, particulièrement du point de vue de la gouvernance. L’ABC contribue à cela.

: La pandémie de COVID-19 a révélé bien des choses à propos des organisations. Quels enseignements pouvons-nous tirer de ce que nous avons vécu?

SC : Tout d’abord, nous avons appris que ce qui était impensable il y a tout juste un an s’est avéré remarquablement faisable. La plupart des organisations avaient beaucoup de difficulté à imaginer comment gérer un nombre considérable de personnes travaillant à distance. À bien des égards, nous avons bien géré cela. Je pense que l’importante leçon à en tirer, c’est qu’il vaut la peine de penser à l’inimaginable si l’on est prêt à envisager les choses sous un autre angle.

: À l’avenir, quels seront les défis que devront relever les associations?

SC : À maints égards, les mêmes que ceux auxquels elles ont toujours été confrontées. Pour toute association, particulièrement les associations à adhésion volontaire comme l’ABC, le défi est toujours de demeurer pertinent pour les membres et de leur proposer un bon rapport qualité-prix. Cela évolue au fil du temps. C’est la raison pour laquelle il faut toujours écouter les membres, et les non-membres, pour savoir justement pourquoi ces derniers n’ont pas adhéré. Les domaines dans lesquels les juristes avaient besoin d’aide il y a vingt ans ne sont pas les mêmes que ceux d’aujourd’hui.

: Les conférences en ligne ont-elles remplacé les activités en présentiel?

SC : Je pense que nous apprendrons à trouver un nouvel équilibre. Il ne fait aucun doute que nous pouvons faire beaucoup de chose à moindres frais en trouvant des façons, qui ne sont pas aussi fondamentalement centrées sur les activités en personnes qu’elles l’étaient auparavant, de proposer les services. Ainsi, pouvons-nous proposer un perfectionnement professionnel plus souple sous forme de modules que les gens peuvent suivre en ligne quand bon leur semble? Peut-être les membres ne peuvent-ils pas tous se permettre le déplacement nécessaire pour les réunions en présentiel. Les activités en personne, toutefois, présenteront toujours une incroyable valeur. Rien ne peut égaler le réseautage en personne en face-à-face. La question sera donc toujours de savoir ce qui, pour le membre, vaut la dépense pour venir assister en personne à une réunion ou à une activité. Il faut se demander ce que l’on propose aux participants en plus de ce qu’ils obtiennent en ligne.

N : Comme vous l’avez fait remarquer, les besoins des membres évoluent. C’est en partie lié à des questions de nature générationnelle. À quel point est-il difficile de répondre aux aspirations des générations différentes qui pensent et agissent autrement?

SC : Il faut trouver le moyen de servir les gens autrement. Cependant, il faut être prudent quand on parle de démographie. Bien sûr, l’âge compte, mais le Canada étant le pays qu’il est, à savoir multiculturel, avec des traditions juridiques différentes et une géographie étendue, la démographie a des facettes multiples qui ont des répercussions sur d’autres enjeux. L’important, c’est de trouver le moyen de demander aux gens, y compris aux générations plus jeunes, ce dont ils ont besoin. Les besoins d’une personne qui exerce au sein d’un cabinet dans un grand centre urbain ne seront pas les mêmes que ceux de quelqu’un qui a décidé d’avoir pignon sur rue et exercer seul.

N : Quelle approche l’ABC devra-t-elle adopter dans ses prises de position ?

SC : L’ABC dispose d’outils uniques en leur genre pour contribuer, au moyen de ses efforts de représentation, à l’avancement du droit tant à l’échelle fédérale que provinciale, en partie parce que nous pouvons envisager un enjeu sous divers angles. Nos membres peuvent, à l’interne, synthétiser un enjeu et adopter une position à son égard qui correspond à l’intérêt public. L’ABC est une des rares organisations qui peut le faire.

Toutefois, il y a aussi la question fondamentale de donner à la population l’accès à la justice dont elle a besoin. S’ajoutent à cela les questions du racisme systémique et de savoir si les tranches de la population les moins favorisées du point de vue socio-économique peuvent obtenir la meilleure représentation possible qu’elles méritent. L’ABC a un grand rôle à jouer à cet égard.