Dévouement « sans égal ».du nouveau ministre de la Justice envers sa communauté
Compte tenu de l’expérience de Gary Anandasangaree dans le dossier Couronne-Autochtones, des collègues juridiques espèrent que des progrès seront réalisés dans la réduction de la surreprésentation des Autochtones dans le système de justice pénale.

Même si le résultat de l’élection fédérale reste à voir, pour l’instant, le gouvernement mène ses activités, à tout le moins dans une certaine mesure, comme d’habitude.
Dans ce cadre, le premier ministre Mark Carney a annoncé la composition de son cabinet il y a une semaine et a nommé Gary Anandasangaree au poste de ministre de la Justice et procureur général, même s’il poursuivra son travail de ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord.
Né au Sri Lanka, Sathiyasangaree « Gary » Anandasangaree est le fils de Veerasingham Anandasangaree, ancien membre du Parlement sri-lankais, dirigeant du Tamil United Liberation Front et virulent critique des violences commises de toutes parts lors de la guerre civile de son pays.
Me Anandasangaree est venu au Canada avec sa mère en 1983 et a été séparé de son père une bonne partie de sa vie. Il a d’abord travaillé comme courtier immobilier avant d’étudier à la Faculté de droit Osgoode Hall. Après son admission au barreau en 2006, Me Anandasangaree a ouvert son propre cabinet à Scarborough, se spécialisant dans le droit des affaires, le droit de l’immobilier ainsi que le droit international en matière de droits de la personne.
Élu en 2015, Me Anandasangaree a été secrétaire parlementaire des ministres du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, des Relations Couronne-Autochtones et de la Justice. Il a été nommé au cabinet en 2023 en tant que ministre des Relations Couronne-Autochtones à titre de premier canadien de descendance tamoule du Sri Lanka à se voir confier un poste au sein du cabinet.
Dans une déclaration, Lynne Vicars, présidente de l’Association du Barreau canadien, a salué la nomination de Me Anandasangaree.
« Nous sommes impatients de travailler avec lui et ses collègues du cabinet, dit-elle. Nous souhaitons également remercier l’ancien ministre, l’honorable Arif Virani, pour son engagement à améliorer le système de justice au cours des dernières années ainsi que pour les efforts qu’il a déployés pour pourvoir les postes vacants au sein de la magistrature et ainsi renforcer l’accès à la justice. »
Steeves Bujold, associé chez McCarthy Tétrault S.E.N.C.R.L., s.r.l. à Montréal et ancien président de l’ABC, a rencontré Me Anandasangaree lorsqu’il représentait le ministre de la Justice au dîner du président de l’ABC, et il a été impressionné.
« Je le décrirais comme une personne engagée, qui s’intéresse à la primauté du droit et à l’importance de l’indépendance de la magistrature, et désireuse de connaître les membres de l’ABC et de collaborer avec eux », a dit Me Bujold.
Avant de se lancer en politique, Me Anandasangaree a été conseiller juridique pour le Congrès Tamoul Canadien, président du Canadian Tamil Youth Development Centre, président de la Canadian Tamils' Chamber of Commerce, membre du conseil du Youth Challenge Fund, membre du comité consultatif du chef de police de Toronto et membre du programme de subventions aux nouveaux arrivants de Centraide. Il a reçu la Médaille du jubilé d’or de la reine Élisabeth II et la Médaille du jubilé de diamant de la reine Élisabeth II pour son travail.
En 2014, Me Anandasangaree et sa femme, Harini Sivalingam, aussi diplômée de la Faculté de droit Osgoode Hall, ont créé le prix N. Sivalingam Award in Tamil Studies avec une dotation à l’Université York.
« Le leadership et le dévouement du ministre Anandasangaree envers sa communauté sont sans égal, écrit Annie (Qurrat-ul-Ain) Tayyab, présidente de la South Asian Bar Association (SABA), dans un courriel. Il est allé au-delà de son devoir pour défendre avec ardeur non seulement des communautés sud-asiatiques, mais aussi tous les gens qui ont besoin d’une voix forte pour les représenter devant les tribunaux et à l’extérieur, y compris aux Nations Unies. »
Me Tayyab dit que Me Anandasangaree, un participant assidu du gala annuel de la SABA, est toujours disposé à prêter main-forte ou à fournir des conseils à ceux qui en ont besoin.
« Sa passion pour le service à la communauté transparaît dans tout ce qu’il fait, dit-elle. La SABA est fière de voir le ministre Anandasangaree assumer ce rôle crucial, et nous avons hâte de travailler avec lui sur des questions qui comptent pour nos membres et pour les communautés que nous servons. »
Devin Persaud, associé chez Miller Thompson LLP à Toronto et ancien président de la SABA, a grandi dans la circonscription de Me Anandasangaree et affirme que ce dernier était considéré comme un défenseur et un avocat réputé au sein de la communauté.
« La diaspora tamoule s’est tournée vers lui pour obtenir de sages conseils », dit Me Persaud.
Le duo s’est rencontré pour la première fois au gala de la SABA en 2013, quand Me Anandasangaree a reçu le Young Practitioner Award et Me Persaud a raflé le Student of the Year Award.
« Depuis, nous avons tissé des liens. Il a été un ardent défenseur du Malvern Family Resource Centre, une organisation que j’ai fréquentée dans ma jeunesse et pour laquelle j’ai souvent fait du bénévolat, offrant des services pro bono. »
Me Persaud dit que, pendant son mandat à la présidence de la SABA, Me Anandasangaree était secrétaire parlementaire du ministre de la Justice et un solide représentant dans la profession.
Il espère qu’il continuera de promouvoir les principes d’équité et de justice dans son nouveau rôle et à « renvoyer l’ascenseur vers le bas » pour aider les gens qui viennent de milieux défavorisés, comme lui jadis, à gravir les échelons.
« Il a fait du travail admirable à son dernier poste de ministre des Relations Couronne-Autochtones », dit Me Persaud.
Prashanth Chandrapal, conseiller en politiques au Barreau de l’Ontario et président de la Tamil Bar Association (TBA), affirme que Me Anandasangaree a joué un rôle déterminant en aidant l’association à démarrer à un moment où il n’y avait pas beaucoup de mentors dans la profession.
« Durant les premières années, lorsque des juristes tamouls commençaient à être admis au barreau, Gary, en tant que leader communautaire, avait l’habitude d’amener souper des juristes nouvellement admis pour célébrer de manière informelle », explique Me Chandrapal.
La TBA a pris cela comme modèle, et maintenant nous avons un souper annuel d’admission pour tous les membres de la communauté qui ont été admis au cours d’une année en particulier. Gary a assisté aux trois dernières éditions. »
M. Chandrapal dit que les juristes nouvellement admis se sentent honorés, et cela leur donne l’occasion de parler d’eux-mêmes, des raisons pour lesquelles ils ont choisi d’étudier le droit, et de leurs plans pour l’avenir. La présence de juristes chevronnés crée une occasion de réseautage et offre des possibilités de mentorat.
« C’est quelque chose que nous avons appris de Me Anandasangaree, et maintenant, en tant qu’organisation officielle, nous mettons cela en œuvre, dit-il.
Me Anandasangaree a toujours été notre plus grand soutien en tant qu’ami, mentor et collègue, et il fait tout ce qu’il peut pour s’assurer que nous connaissions du succès ».
Compte tenu de l’expérience de Me Anandasangaree dans le dossier Couronne-Autochtones, Me Chandrapal espère pouvoir faire plus de progrès dans la surreprésentation des Autochtones dans le système de justice pénale.
Le prédécesseur de Me Anandasangaree, Arif Virani, a nommé plus de juges que tout autre ministre l’ayant précédé et a réduit le nombre de postes vacants à 19 dans l’ensemble du pays. Cette mesure faisait suite à un avertissement du juge en chef Richard Wagner de la Cour suprême du Canada selon lequel la lenteur des nominations entraînait des retards judiciaires et des répercussions sur l’administration de la justice.
Selon le cabinet du ministre, tout au long du mandat d’Arif Virani, 52 % des juges nommés ou promus par le gouvernement étaient des femmes (122 sur 234). De plus, 4 % étaient des Autochtones (10 sur 234), 23 % étaient des personnes racisées (53 sur 234) et 5 % s’identifiaient comme des membres des communautés 2ELGBTQI+ (11 sur 234). En outre, 31 % (73 sur 234) étaient effectivement bilingues, et 13 % (30 sur 234) pouvaient comprendre les documents écrits même s’ils ne pouvaient pas converser avec des juristes dans les deux langues officielles.
Me Bujold dit que, bien que le travail pour résorber l’arriéré de nominations était nécessaire, il reste à Me Anandasangaree du travail à accomplir, en particulier pour s’assurer que les nouvelles nominations sont prêtes à pourvoir les postes vacants au fur et à mesure qu’ils se présentent.
« De nombreux mois passent entre le moment où une personne prend sa retraite et celui où son remplaçant est nommé, explique Me Bujold. C’est quelque chose qui doit être resserré. Il est possible de programmer la nomination de bons candidats dans les jours ou semaines suivant le départ à la retraite d’un juge. »
Il en va de même pour les postes vacants de juge en chef et de juge en chef adjoint, compte tenu de leur importance pour le bon fonctionnement du système.
« Le système de la Cour suprême du Canada fonctionne de cette façon. Lorsqu’un juge annonce sa retraite, ou que sa date de retraite obligatoire est connue parce que cela est prévu dans la Constitution, le gouvernement met sur pied un comité assez rapidement pour s’assurer qu’il n’y a pas de vide entre le départ du juge et l’entrée en fonction de la nouvelle personne, dit Me Bujold. Si ça fonctionne à la Cour suprême, il est possible de reproduire ce système à tous les niveaux des nominations. »