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Une vie consacrée au leadership

La nouvelle vice-présidente de l’ABC, Bianca Kratt, c.r., s’engage à améliorer l’accès à la justice, à promouvoir le bilinguisme et l’autonomisation des femmes

Bianca Kratt, c.r.
Vice-présidente de l’ABC, Bianca Kratt, c.r.

Bianca Kratt est ravie d’assumer le tout dernier d’une longue série de postes de leadership.

Elle a été présidente de la Division de l’Alberta de l’Association du Barreau canadien et a présidé le Comité des finances de l’ABC. Elle entame maintenant son mandat de vice-présidente de l’ABC. L’année prochaine, elle prendra la relève de la présidente Lynne Vicars.

« Je me sens privilégiée de me retrouver ici », se réjouit Me Kratt, associée chez Parlee McLaws LLP à Calgary, où elle dirige le groupe de pratique du droit commercial, bancaire et immobilier.

Elle aime interagir avec les gens et rencontrer d’autres membres de la profession, bavarder avec eux et partager opinions et réflexions.

« J’ai hâte d’être en mesure d’aider à résoudre les problèmes d’accès à la justice et échanger avec des gens à l’échelle nationale, pas seulement en Alberta », avoue-t-elle.

L’accès à la justice compte énormément pour Me Kratt, dont les identités se recoupent en tant que femme, personne autochtone (elle est membre de la Première Nation huronne-wendat) et juriste bilingue offrant ses services en anglais et en français, éclairent les enjeux qu’elle souhaite aborder en tant que vice-présidente.  

Selon Me Kratt, l’accès à la justice implique de nombreuses facettes au-delà du droit de comparaître devant un tribunal. Elle souhaite plaider en faveur de réformes du système qui incluent la simplification des procédures juridiques, l’introduction de mécanismes de réclamations collectives pour aider à corriger les failles et combler les lacunes en matière de l’aide juridique, en veillant à ce que les juges disposent de l’assistance nécessaire pour rendre des décisions efficaces et efficientes, en s’attaquant aux obstacles systémiques comme la race, le genre et le handicap, et en favorisant des réformes plus globales au-delà de la salle d’audience.

Une partie de cette démarche consiste à explorer de nouvelles approches pour une résolution plus efficace et collaborative des problèmes, comme les discussions, les règlements, la médiation ou l’arbitrage, et ce sans dépendre entièrement du système judiciaire.

« Nous devons examiner ce que nous pouvons mettre en place sur le plan communautaire pour aider les personnes qui n’ont pas les moyens de retenir les services d’un juriste, afin qu’elles puissent quand même avoir un accès égal à la justice par le biais d’autres systèmes juridiques », déclare Me Kratt.

« En adoptant de nouvelles approches, les gens pourront peut-être éviter un long processus judiciaire et résoudre leur affaire plus rapidement. »

Elle affirme qu’il est également important de garantir un accès réaliste aux tribunaux pour éliminer et réduire les obstacles systémiques. Par exemple, de nombreuses personnes autochtones n’ont pas un accès équitable à la justice en raison des régions éloignées où elles habitent. Comparaître en personne au tribunal est difficile pour certains et impossible pour d’autres. Les tribunaux ont donc besoin de soutien pour permettre la mise en place d’autres moyens de se présenter en cour.

Une autre priorité clé pour Me Kratt est de renforcer l’accès aux services juridiques en français, ainsi que leur qualité : non seulement les services de traduction et d’interprétation, mais aussi la rédaction et la publication de lois et de formulaires judiciaires dans les deux langues. Bénévole et ancienne présidente de l’Association des juristes d’expression française de l’Alberta (AJEFA), qui fait la promotion de l’accès à la justice en français, elle souhaite militer pour que davantage de membres de la magistrature et son personnel judiciaire, de procureurs de la Couronne et de professionnels du droit parlent les deux langues officielles à l’échelle nationale. Selon elle, cela contribuerait à combler les écarts linguistiques et à préserver la langue française et sa culture.

« Être entendu et compris en français devant le tribunal et par votre juriste est essentiel et cela fait partie intégrante du droit à une procédure équitable et à une représentation juridique lors de litiges », explique Me Kratt.

Par expérience personnelle, elle sait ce que l’on ressent lorsqu’on a du mal à se faire comprendre dans une deuxième langue. Elle a grandi dans une petite ville du Québec, et ne parlait pas du tout anglais.

« La langue était une barrière pour moi. J’ai dû apprendre l’anglais le plus rapidement possible », explique Me Kratt, ajoutant qu’essayer de maîtriser une nouvelle langue plus tard dans la vie demande beaucoup de dévouement.

Encourager d’autres femmes du domaine juridique à assumer des rôles de direction constitue également une priorité pour Me Kratt, qui dirige une équipe de huit femmes parajuristes dans son cabinet.

« Chaque jour, je leur donne les moyens d’exprimer leurs opinions en toute confiance, d’assumer entièrement la responsabilité des dossiers qui leur sont confiés, de se montrer claires avec les clients et les autres juristes, leur permettant ainsi de développer leurs compétences décisionnelles et d’assumer des rôles de leadership au sein de l’équipe. »

Elle est également bénévole au sein du comité consultatif de l’Association internationale des femmes juges, section canadienne, qui contribue à sensibiliser aux inégalités auxquelles sont confrontées les femmes dans la profession juridique et vise à leur donner les moyens d’occuper des rôles de direction.

Me Kratt dit que même si elle a toujours été elle-même leader, arriver là où elle en est aujourd’hui n’a pas été facile.

« Il a fallu beaucoup de persévérance. J’ai travaillé très, très dur. »

L’obtention de son diplôme en droit civil à l’Université Laval, de son diplôme en common law à l’Université du Manitoba, de sa maîtrise en droit à Osgoode Hall, ainsi que la recherche d’occasions d’emploi ont signifié devoir déménager souvent de ville en ville. Elle a donc eu du mal à maintenir le contact avec les siens.

Durant cette période, Me Kratt a rejoint l’ABC pour réseauter, poursuivre son évolution et épanouissement professionnels et rencontrer des personnes avec lesquelles elle pourrait nouer des relations. Il n’a pas fallu longtemps pour que l’association devienne « une deuxième famille ».

« C’est là où j’ai trouvé mes racines et sur quoi j’ai bâti mon avenir. »

L’une des raisons pour lesquelles elle a été inspirée à se présenter au poste de vice-présidente était les possibilités qu’offre ce poste aux membres de façonner et d’influencer la profession juridique et l’administration de la justice au Canada.

« L’ABC joue un rôle essentiel dans la défense des intérêts de la profession et elle influence des politiques juridiques et des processus de réforme du droit. J’avais le sentiment que je pouvais contribuer à façonner l’avenir en m’engageant au sein de la communauté », explique-t-elle.

« J’ai décidé qu’il était de mon devoir d’assumer le rôle de vice-présidente et de diriger l’organisation. J’ai hâte de consacrer mon temps au service de la profession et à l’amélioration de l’accès à la justice au Canada. »