Sean Fraser, nouveau ministre de la Justice du Canada
Engagé et accessible, le juriste de la Nouvelle-Écosse est décrit comme une personne qui a une vision d’ensemble et qui évite les réponses toutes faites

Le premier ministre Mark Carney a nommé Sean Fraser ministre de la Justice et procureur général cette semaine, soulignant le retour d’une personne qui avait décidé de se retirer de la politique.
Le député de la Nouvelle-Écosse a annoncé en décembre qu’il ne tenterait pas de se faire réélire, mais il a changé d’idée peu de temps avant l’élection à la suite d’un appel avec M. Carney en mars.
« C’est l’occasion de montrer à mes enfants que lorsque des luttes importantes doivent avoir lieu, les honnêtes gens doivent tenir tête aux intimidateurs », a-t-il dit à l’époque, faisant référence à l’administration américaine actuelle.
Me Fraser a été auparavant ministre de l’Immigration et ministre du Logement sous la direction de l’ancien premier ministre Justin Trudeau.
Il est diplômé de la Faculté de droit Schulich de l’Université Dalhousie et a plus tard obtenu une maîtrise en droit international de l’Université de Leiden, aux Pays-Bas. Il a travaillé plusieurs années au bureau de Calgary de Blake, Cassels & Graydon LLP et il a été chercheur universitaire associé pour le Centre de droit international du développement durable.
Avant d’entrer en politique, Me Fraser a agi comme vice-président d’une filiale locale de l’Association canadienne pour les Nations Unies et aidé bénévolement des personnes non représentées en matière civile. Il a également travaillé à promouvoir les lois sur l’accès à l’information avec une organisation des droits de la personne en Afrique du Sud.
La présidente de l’ABC, Lynne Vicars, salue la nomination de Me Fraser.
« Nous avons hâte de travailler avec lui et ses collègues du cabinet », a-t-elle dit dans une déclaration.
« Nous sommes impatients de collaborer avec le ministre Fraser afin de préserver l’intégrité de notre système de justice en veillant à ce que les tribunaux disposent des ressources nécessaires pour bien servir les Canadiens et les Canadiennes. »
Me Vicars a remercié l’ancien ministre Gary Anandasangaree pour ses contributions durant son mandat et pour « les échanges constructifs que nous avons eus sur la question de l’amélioration du système de justice ».
Alors qu’elle était présidente de la Section du droit de l’immigration de l’ABC, Lisa Middlemiss de Middlemiss Immigration Law à Montréal a eu l’occasion d’interagir avec Me Fraser lorsqu’il était ministre avant une « discussion informelle » tenue pendant la Conférence annuelle de l’ABC sur le droit de l’immigration. L’événement comprenait également une période de questions et réponses parce que les membres voulaient obtenir la réponse du ministre à certaines des difficultés auxquelles étaient confrontés leurs clients.
À l’époque, des feux faisaient rage en Nouvelle-Écosse et Me Fraser a donc assisté à l’événement à Ottawa à distance et il a répondu aux questions difficiles.
« Il est tout à fait capable d’avoir une vision d’ensemble, ce qui est probablement la raison pour laquelle il est alors devenu ministre du Logement, sujet qui est lié d’une certaine façon à l’immigration, et il a maintenant obtenu un nouveau mandat à la Justice », dit Me Middlemiss.
« Il avait certainement une vision d’ensemble, même lorsqu’il était ministre de l’Immigration, son premier rôle de ministre. »
Ce sentiment est partagé par Kyle Hyndman, un associé de MSK Immigration Lawyers à Vancouver, qui a également été président de la section de l’ABC lorsque Me Fraser était ministre.
« Nous avons eu un ou deux appels vidéo avec lui », pendant son mandat, qui a coïncidé avec la pandémie.
« C’est une personne intelligente qui avait très à cœur le portefeuille et qui comprenait les enjeux. Il était très bien informé et avait fait ses devoirs. Il était très accessible et il ne faisait pas de manières – nous nous sommes simplement mis au travail et il semblait réellement vouloir entendre nos priorités. »
Me Hyndman dit qu’il a eu une bonne première impression d’une personne avec qui discuter, mais il est encore trop tôt pour juger des réalisations de Me Fraser dans son nouveau portefeuille.
« Il était vraiment l’un des ministres les plus accessibles », dit Me Hyndman.
« Ce ne fut pas toujours le cas pour tous les ministres de l’Immigration. »
Bien que les précédents ministres de l’Immigration aient été des juristes, ils n’ont pas toujours beaucoup pratiqué. Ce n’était pas le cas de Me Fraser.
« Il comprend le droit ainsi que le rôle des juristes. Il voulait entendre ce que nous avions à dire », indique Me Hyndman.
« Il n’a pas toujours fait ce que nous voulions, mais aucun ministre ne le fait, et nous ne nous attendions pas à ce qu’ils le fassent. »
Me Fraser a acquis la réputation d’un ministre qui s’exprime clairement et qui évite les réponses toutes faites, ce que Me Hyndman a toujours apprécié.
« Il ne versait pas dans la partisanerie avec nous », dit-il.
« On s’attend à ce que les politiciens et politiciennes soient capables de nous écouter et de nous parler comme à des adultes, et ce ne sont pas tous les ministres qui le font. D’autres avaient une tendance à la confrontation, nous parlaient avec condescendance ou n’étaient pas assez accessibles. Il n’avait pas du tout cette attitude. »
Me Hyndman espère qu’avec son expérience au Cabinet, Me Fraser peut fournir des conseils à la nouvelle ministre de l’Immigration, Lena Metlege Diab. Bien que Me Metlege Diab ait été ministre de l’Immigration de la Nouvelle-Écossse, le rôle fédéral est bien différent.
« J’aimerais penser que s’il y a des enjeux importants dans le dossier de l’immigration, en particulier au niveau législatif ou réglementaire, il pourrait peut-être y participer en tant que personne ayant une réelle compréhension du portefeuille », dit Me Hyndman.
« À tout le moins, il peut orienter la ministre Diab dans la bonne direction. »
Il convient de noter que l’épouse de Me Fraser, la juriste Sarah Burton, a siégé à la commission de réforme du droit provincial de la Nouvelle-Écosse.
Dans un courriel, Shauna Van Praagh, présidente de la Commission du droit du Canada, dit qu’elle a hâte de rencontrer Me Fraser et d’autres parlementaires intéressés par le droit et la justice afin de partager « le travail accompli par la Commission du droit du Canada, qui soulignera bientôt son deuxième anniversaire [en juin], en tant qu’organisme indépendant engagé à faire participer les citoyens du Canada à l’évolution continue et dynamique du droit ».