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La nouvelle aventure de Noah Waisberg

Dans une année marquée par de grandes transactions canadiennes dans le domaine de la techno juridique, la vente de Kira est la plus surprenante.

Noah Waisberg
Noah Waisberg, fondateur et PDG de Zuva

Au mois d’août de cette année, l’entreprise de technologies juridiques mondiale Litera a fait l’acquisition de Kira Systems, une société d’apprentissage machine se spécialisant dans la révision de contrats, cofondée par Noah Waisberg. Deux mois plus tard, Me Waisberg se manifeste à nouveau, cette fois pour lancer une entreprise d’IA de renseignement sur les documents. Sa nouvelle société est loin de se limiter au secteur juridique et Me Waisberg a des objectifs beaucoup plus ambitieux : transformer le monde des affaires grâce aux technologies juridiques.

Originaire de Toronto, Noah Waisberg a commencé sa carrière en tant que jeune juriste à New York. Il a eu l’idée de cofonder Kira Systems avec Alexander Hudek à la fin de 2010 en constatant à quel point l’examen de documents était inefficace. Leur entreprise se concentrait sur l’apprentissage automatique et sur la mise au point d’un produit pouvant apprendre les clauses qui sont utiles en fonction des recherches qu’effectuent des utilisateurs. Le système augmentait la rapidité et l’efficacité de l’examen de documents.

« Il a fallu deux ans et demi pour que notre technologie fonctionne, puis quelques années de plus pour que des juristes adoptent nos produits, déclare Me Waisberg. Lors de nos premiers pas, nous ne nous inscrivions pas dans le courant dominant. Il y a dix ans, les juristes d’entreprise utilisaient peu de technologies juridiques au-delà du courriel et de Word. L’IA n’avait pas la cote. »

La société a ensuite commencé à connaître du succès et à prendre en charge d’énormes clients. Kira Systems travaille maintenant pour cinq des sept plus grands cabinets juridiques du Canada, pour 18 des 25 plus importants cabinets spécialisés en fusion et acquisition des États-Unis, pour 11 des 12 cabinets les plus importants du Royaume-Uni et pour plus de la moitié des cent sociétés de GAP des États-Unis.

« Les juristes ont mauvaise réputation en ce qui concerne l’acceptation du changement, affirme Me Waisberg. Beaucoup de changements se sont opérés au fil du temps et quand ils s’adaptent, ils s’adaptent en masse. Par exemple, les juristes étaient très réfractaires au courriel, mais ils l’ont maintenant entièrement adopté. Les logiciels de recherche juridique et de soulignement (par exemple, pour assurer le suivi de changements dans des documents) n’ont pas non plus connu un succès instantané. »

Lorsque Kira Systems est devenue l’une des plus grandes sociétés de techno juridique au Canada, elle a attiré l’attention de Litera, dont la stratégie de croissance dépendait de l’acquisition d’entreprises pour prendre rapidement de l’ampleur. Fait remarquable, Litera a fait l’acquisition de onze entreprises cette année, dont Clocktimizer, qui se spécialise dans les données propres aux renseignements d’affaires, DocsCorp, un fournisseur de logiciels de gestion de documents, Foundation Software Corp, une plateforme de renseignements d’affaires axée sur les données des consommateurs qu’utilisent des cabinets juridiques, et Objective Manager, une société britannique spécialisée dans les logiciels de planification stratégique et de gestion du rendement.

Avaneesh Marwaha, chef de la direction de Litera, déclarait : « L’acquisition nous permettra d’intégrer à notre plateforme de gestion des transactions des flux de travail d’apprentissage automatique avancé. De façon générale, Kira nous permet de fournir une preuve de diligence intégrale pour le cycle de vie de la gestion des transactions et des ententes. »

Me Waisberg a reçu de Litera une offre lucrative en vertu de laquelle il aurait le capital requis pour assurer la croissance de Zuva. La société de capital risque de New York, Insight Partners, a versé vingt millions de dollars dans le cadre du premier tour de financement de l’accord.

« Nous avions l’impression que les clients étaient entre de bonnes mains et que nos employés pourraient profiter de plus grandes occasions au sein d’un grand cabinet, dit Me Waisberg. Maintenant, je peux mettre en œuvre notre technologie auprès d’un plus grand public. »

Ce qui rend Zuva si transformateur, c’est ce que Me Waisberg veut accomplir. Au-delà la diligence raisonnable et l’automatisation des documents, il espère que sa nouvelle entreprise pourra révolutionner la façon dont les entreprises utilisent l’IA. C’est ce qu’il avait prévu dès le début, mais le monde n’était pas encore prêt.

« Je n’ai jamais pensé que le changement s’opérerait du jour au lendemain, affirme Me Waisberg. Je me souviens de quelqu’un qui disait que 2013 serait une année énorme pour la techno juridique, mais je n’ai jamais pensé qu’une année serait suffisante pour que ce changement se produise. Je ne me suis pas trompé. Si vous vous attendez à ce que tous les changements se fassent immédiatement, vous serez déçu. »

La beauté de DocAi est la simplicité de ses technologies, une plateforme se fondant sur une interface de protocole d’application qui permet aux utilisateurs de choisir la façon dont elle s’intègre aux systèmes existants. Les utilisateurs peuvent extraire des renseignements clés à partir de documents, qu’il s’agisse des salaires de base dans les ententes avec les employés ou de l’identification du droit de sous-traitance d’un locataire dans les baux immobiliers. Offrir des interfaces de protocole d’application est une stratégie de longue date des fabricants de logiciels, car elle donne aux utilisateurs la possibilité de personnaliser leur application sans avoir à connaître le langage de codage.

« Vous avez besoin de données de contrats dans de nombreuses situations, explique Me Waisberg. Vous pouvez mieux gérer une entreprise si vous connaissez le contenu de vos contrats, notamment les données que détiennent vos services des ventes, de marketing ou de finances. Vous avez deux choix : obtenir un système de gestion des contrats ou utiliser les données contractuelles dans votre système existant de ventes, de marketing et de finances. Nous fournissons aux autres fabricants de logiciels les outils nécessaires pour intégrer notre technologie d’analyse de contrats à leurs systèmes. »

Plus tôt cette année, Me Waisberg et M. Hudek ont coécrit AI for Lawyers: How Artificial Intelligence is Adding Value, Amplifying Expertise, and Transforming Careers, un ouvrage dont l’objectif est de faciliter l’utilisation de l’intelligence artificielle pour les juristes. La prochaine aventure de Noah Waisberg sera de convaincre les entreprises d’adopter des technologies d’IA qui deviendront de plus en plus populaires sur le marché juridique. Il est prêt à relever le défi. « C’est amusant d’apprendre quelque chose de nouveau.