Juristes contre la transphobie
Des juristes de la Colombie-Britannique souhaitent mettre sur pied une équipe d’intervention rapide
Les membres de la profession juridique ont toujours été là pour défendre les droits de la personne, et ils sont plus que jamais nécessaires pour soutenir les personnes queer et trans au Canada. Comme l’ont expliqué les juristes de la Colombie-Britannique barbara findlay, Glen Straton et Nico McKay dans une récente présentation en ligne s’intitulant Recognizing Hatred in our Backyard, au moins 32 personnes transgenres et de genre non conforme ont été tuées aux États-Unis l’an passé. C’est pourquoi ils demandent qu’une équipe juridique d’intervention rapide pour les militants et les alliés qui ont besoin d’aide soit mise sur pied pour défendre les droits des personnes trans face à la montée de l’intolérance.
Aux États-Unis, 574 projets de loi transphobes avaient été déposés dans 49 des 50 États au moment d’écrire ces lignes. Jusqu’à présent, 83 de ces projets de loi ont été adoptés et 125 ont échoué, et 366 sont toujours en attente. Les Canadiens pourraient être tentés de penser que les droits de la personne sont mieux protégés qu’au sud de la frontière, dit barbara findlay, mais le Canada n’est pas à l’abri.
« Nous assistons à une augmentation alarmante de la transphobie, et des lois et des politiques explicitement anti-trans sont adoptées partout en Amérique du Nord », explique Nico McKay. Cela comprend des politiques scolaires proposées au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan et en Ontario, ainsi que les manifestations anti-trans nationales du 20 septembre, qui sont « la preuve que le Canada n’est malheureusement pas à l’abri des contrecoups de l’époque dans laquelle nous vivons ».
Dans une déclaration faite au mois de septembre, John Stefaniuk, président de l’Association du Barreau canadien, souligne une tendance inquiétante révélée par Statistique Canada, soit une hausse de 64 % entre 2020 et 2021 des crimes haineux motivés par l’orientation sexuelle. Il y a également eu une hausse notable des incidents impliquant du harcèlement, de l’intimidation, des menaces de violence, ainsi que la diffusion de désinformation et des manifestations motivées par la haine à travers le Canada, ciblant principalement les installations publiques hébergeant des toilettes non genrées et des événements comme la lecture d’histoires par des drag-queens. « De nombreux membres de la communauté 2SLGBTQI+ ne se sentent actuellement pas en sécurité », peut-on lire dans la déclaration.
Comme barbara findlay l’explique, les juristes jouent un rôle unique qui va au-delà des litiges, mais aussi un rôle crucial dans l’éducation des autres. « En tant que juristes, nous avons un rôle très particulier à jouer pour défendre les valeurs d’égalité qui sont ancrées dans notre Constitution », déclare-t-elle. Cela signifie qu’il faut reconnaître que les incidents ponctuels ne sont pas la nature du problème, mais que celui-ci s’inscrit dans un mouvement, qu’il faut assumer le leadership pour les personnes trans afin d’éduquer le public, et qu’il faut prendre des mesures pour prôner l’égalité.
Elle est convaincue que la profession juridique est « ferme et solide dans sa position contre la violation des droits des personnes queer et trans ». Elle a décidé de créer une liste de personnes prêtes à soutenir « les personnes touchées par des actions transphobes, comme les drag-queens qui lisent des histoires ». Que peuvent faire des institutions comme les bibliothèques pour empêcher que ces événements soient perturbés? De quels recours disposent les drag-queens lors de situations d’agressions et de harcèlements? Ce sont des enjeux clés pour lesquels les membres de la profession juridique doivent aider les gens, croit barbara findley.
En outre, il est nécessaire de sensibiliser à la fois la profession et le grand public pour qu’ils sachent que les incidents transphobes ne sont pas des actions isolées de quelques personnes malavisées. En outre, barbara findlay souligne la nécessité de sensibiliser la profession juridique et le grand public au fait que les incidents transphobes ne sont pas simplement des actions isolées de quelques individus. Ils font partie de ce qu’elle appelle une campagne concertée « qui requiert une réaction urgente de notre part ».
Les juristes qui ne sont pas encore membres de la Section de l’alliance de la diversité sexuelle et des genres de l’ABC sont encouragés à se joindre à la défense des droits des personnes trans et à s’impliquer. Pour plus d’informations ou pour faire du bénévolat, veuillez envoyer un message à l’adresse lawyersagainsttransphobia@gmail.com.