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Prononcer correctement les noms à la cour

Quelques suggestions sur les protocoles et la sensibilisation à l'impact des erreurs de prononciation des noms.

Federal Court of Canada

Les personnes qui comparaissent devant les tribunaux devraient avoir l’assurance que leur nom sera prononcé correctement. Dans une lettre adressée aux juges en chef de la Cour fédérale et de la Cour d’appel fédérale, le Sous-comité sur l’égalité, le Comité de liaison entre la magistrature des Cours fédérales et le barreau et la Section du droit de l’immigration (Comité de lutte contre le racisme) de l’Association du Barreau canadien attirent l’attention sur les conséquences de la mauvaise prononciation des noms. Et ils suggèrent des protocoles et des pratiques exemplaires pour les tribunaux et au-delà.

Il s’agit de bien plus qu’une simple question de confort ou de respect. La mauvaise prononciation des noms, bien qu’elle puisse arriver à tout le monde, a un impact significatif sur les minorités racialisées, qui sont déjà aux prises avec de sérieux problèmes d’accès à la justice et sont surreprésentées dans le système de justice pénale. « La mauvaise prononciation des noms contribue à la stigmatisation et à la marginalisation en montrant à certaines personnes et à certains groupes qu’ils n’ont pas leur place, qu’ils ont moins de valeur et qu’ils ne sont pas respectés », peut-on lire dans la lettre, qui ajoute que ce problème « renforce leur marginalisation sociale et systémique ».

Cette question « s’applique également aux avocats et avocates appartenant à des minorités racialisées, dont beaucoup ont vu leur nom mal prononcé tout au long de leurs études de droit et sur leur lieu de travail », fait remarquer l’ABC dans sa lettre.

La prononciation correcte du nom favorise une culture de respect et un sentiment d’appartenance, surtout lorsqu’elle est le fait d’une personne en position d’autorité. Veiller à ce que le nom de chacun et chacune soit prononcé correctement est un pas de plus vers une société plus inclusive.

Pratiques exemplaires suggérées

Une mesure concrète assez simple consisterait à mettre à jour les pratiques des tribunaux « pour inclure une demande de prononciation, en utilisant la méthode syllabique, de tous les noms lorsque les participants et participantes sont présentés au tribunal ». La personne qui préside l’audience devrait être encouragée à demander une confirmation si elle a le moindre doute sur la prononciation. La confirmation de la prononciation correcte devrait également être faite pour tous les avocats et avocates et toutes les parties, et devrait être vérifiée par le greffier ou la greffière avant l’audience.

La formation des juges et du personnel des tribunaux est essentielle pour établir de meilleures pratiques et politiques judiciaires, en particulier en matière de compétence culturelle, de biais inconscients et de lutte contre le racisme. « Comprendre pourquoi ces questions sont importantes permet aux individus d’effectuer leur propre évaluation interne de leurs pratiques personnelles pour y déceler des hypothèses erronées et des effets néfastes imprévus », explique l’ABC.

Comme pour les pronoms, s’assurer que les nouvelles pratiques s’appliquent à tous les participants contribue à réduire les obstacles et à rendre le système judiciaire plus inclusif. « Si les minorités racialisées sont les seules à confirmer la prononciation de leur nom, elles sont toujours montrées du doigt et la charge de veiller à la bonne prononciation incombe à ceux qui sont marginalisés. »

Et, autre point important, les nouvelles règles sur la prononciation des noms devraient être publicisées « afin que les autres tribunaux, les juristes et le public en tirent des enseignements et aient la possibilité de suivre l’exemple de la Cour fédérale et de la Cour d’appel fédérale », conclut la lettre.