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Trouver sa place dans un nouveau cabinet

Les portes s’ouvrent sur un monde totalement différent pour les nouveaux juristes qui entrent dans leur premier cabinet. Voici quelques conseils pour une adaptation réussie.

Individuality concept, birds on a wire, alone against mass

Le premier emploi dans un cabinet pour un jeune juriste est à la fois source de triomphe et de terreur. Le triomphe, c’est bien sûr d’avoir survécu à la faculté de droit, réussi à l’examen du Barreau et terminé le stage (ou le Programme de pratique du droit). La terreur, elle est causée par ce premier pas dans un nouvel environnement.

« Le premier emploi d’un jeune juriste peut être l’un des moments les plus difficiles de sa carrière », a déclaré Allison Wolf, présidente de Shift Works Strategic Inc., un service d’accompagnement des juristes basé à Vancouver. « Les jeunes juristes font face à un apprentissage intensif alors qu’ils passent de l’étude théorique du droit à la réalité de son exercice en accomplissant de nombreuses tâches qu’ils n’avaient jamais réalisées avant. »

Voici ce qu’elle et d’autres experts nous ont dit à propos de l’insertion dans un cabinet.

Attendez-vous à avoir l’impression d’être débordé

Le passage du monde relativement protégé des études de droit à celui d’un juriste débutant très occupé représente un changement radical. « Vous passez de la maîtrise de votre propre emploi du temps à un abandon de ce contrôle au profit d’autres juristes qui n’ont pas nécessairement été formés pour gérer des personnes ou des projets », dit Paulette Pommells, chef de la direction et accompagnatrice principale de l’entreprise Creative Choices for the 21st Century Lawyer Inc., basée à Toronto. « Ajoutez à cette perte de contrôle l’impressionnante quantité de travail confié aux jeunes juristes, et il n’est pas surprenant qu’un tel nombre d’entre eux se sentent complètement débordés. »

Au lieu de s’appesantir sur ces sentiments d’impuissance, un juriste averti se borne à tout simplement les accepter et à aller de l’avant. C’est la première étape pour assumer le contrôle de sa nouvelle vie.

Écoutez et observez

« Commencer votre premier emploi dans un cabinet n’est pas très différent de commencer les classes dans une nouvelle école », dit Gary Mitchell, accompagnateur stratégique d’affaires qui aide les juristes, et fondateur de OnTrac Coach, basé en Colombie-Britannique. « Tous les autres se connaissent, connaissent leur cercle d’amis, et vous avez l’impression que tout le monde vous regarde et scrute vos moindres gestes. »

Dans les deux situations, les premières impressions peuvent laisser des traces indélébiles, particulièrement si elles sont mauvaises. C’est la raison pour laquelle un nouvel employé doit tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler tout en étudiant minutieusement les personnalités et les coutumes sociales au sein de son nouvel environnement. « Écoutez et observez », conseille Mme Wolf.

« C’est souvent là que trébuchent les jeunes juristes », fait remarquer Carly Crawford, avocate spécialisée en droit de l’emploi dans le cabinet HHBG Lawyers à Surrey (Colombie-Britannique). « Prenez le temps d’observer la façon dont les juristes plus chevronnés traitent les clients, les situations connexes à la déontologie et autres choses que vous ne pouvez apprendre que sur le terrain. »

Faites-vous des amis et des alliés

Une fois que le nouveau juriste a évalué la culture du cabinet et les personnalités de ses collègues, il est temps de tisser des liens. « Soyez proactif et abordez les personnes que vous croyez sont dignes de confiance et dont vous pensez qu’elles pourraient vous aider », déclare M. Mitchell. « Elles peuvent vous aider à réduire la courbe d’apprentissage dans votre premier emploi et faciliter l’expérience d’être “le petit nouveau”. »

Parallèlement, un jeune juriste devrait demeurer prudent jusqu’à ce qu’il connaisse vraiment bien ses nouveaux amis et alliés. Faites attention si vous sortez boire un verre avec les autres juristes au cours de votre première semaine dans le cabinet.

« Les jeunes juristes devraient ne jamais oublier que leur réputation est leur bien le plus précieux, au sein du cabinet et hors de ses murs », déclare Mme Crawford. « Se forger une bonne réputation peut prendre du temps, mais on en acquiert une mauvaise souvent beaucoup plus rapidement. »

Recherchez toutes sortes de mentors

Avoir un associé principal pour mentor peut être un atout majeur dans la carrière d’un juriste qui vient d’être engagé. « Cependant, il peut aussi s’avérer très utile d’avoir des mentors qui n’ont que quelques années de plus d’expérience que vous. Le souvenir de leurs propres débuts n’est pas si loin dans leur mémoire », déclare Mme Pommells. « Ce sont des gens qui auront probablement plus ou moins le même âge que vous auxquels vous pourrez poser des questions sur le cabinet, ses attentes et sa culture, en toute franchise. Ils comprennent généralement ce que vous êtes en train de vivre. »

« Le mentorat officieux est souvent la façon dont les jeunes étudiants et étudiantes et juristes apprennent les normes culturelles », déclare Catherine Chang, propriétaire de Catherine Chang Coaching & Consulting à Toronto. « Il est tellement important de ressentir un sentiment d’appartenance pour produire votre meilleur travail. Par conséquent, la curiosité et la volonté de tisser des liens avec le personnel et les juristes à tous les échelons peuvent être très utiles. »

Soyez votre propre porte-parole

Les juristes nouvellement engagés croulent généralement sous la masse du travail qui leur est confié dans leur premier poste. C’est fréquemment parce que ceux qui leur assignent les tâches ne savent pas ce qui leur a déjà été confié.

Dans ce genre de cas, évitez de souffrir en silence, car trop de travail peut conduire à l’épuisement. « Le secret, c’est de trouver un moyen efficace de défendre votre propre cause », dit Mme Pommells. « J’ai eu une cliente qui y réussissait très bien car sa solution tenait compte de la position de chacun. Elle choisissait également avec perspicacité les préoccupations qu’elle décidait d’exprimer et avait montré qu’elle ne cherchait pas à éviter le travail. Le cabinet voulait qu’elle se plaise au travail. En fin de compte, ils lui ont accordé tout ce qu’elle demandait, et ils continuent à écouter ce qu’elle a à dire et à répondre aux besoins qu’elle exprime, même de nos jours. »

Obtenez un soutien professionnel

Un jeune juriste qui ne peut pas s’en sortir seul au travail n’est pas condamné à souffrir seul. Il y a des accompagnateurs qui comprennent ce que vivent les jeunes juristes et qui peuvent les aider à y faire face.

En outre, le fait d’avoir un allié hors du cabinet permet à un jeune juriste d’exprimer ses sentiments et ses frustrations sans mettre son emploi en danger, et d’obtenir des conseils plus objectifs que ne seraient ceux de ses collègues de travail.

Apprenez et allez de l’avant

Le premier emploi d’un jeune juriste ne sera probablement pas le seul. Alors qu’il perfectionnera ses compétences et ses connaissances, de nouvelles occasions se présenteront, et il se devra de les saisir afin de trouver de nouveaux cabinets dans lesquels il pourrait mieux s’épanouir.

« Dans ces cas, pensez à votre situation comme vous imagineriez presser un citron », dit Mme Wolf. « Après quelques années, une fois que vous avez appris tout ce qu’il y a à apprendre dans votre premier emploi, lorsque vous avez pressé tout le jus de ce citron, il pourrait être temps de passer à autre chose. »