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Entrevue avec Arif Virani, ministre de la Justice

Dans un récent balado, le ministre a abordé la question des ressources et de la sécurité des tribunaux dans notre système judiciaire.

Arif Virani
Photo: Blair Gable

Le texte qui suit est un extrait révisé et abrégée. Pour écouter l'intégralité de de l'entretien, y compris les commentaires du ministre portant la réforme de la justice pénale et la récente pause sur l'expansion de l'aide médicale à mourir, cliquez sur l’audio intégré au bas de la page.

Dans une récente entrevue balado, le ministre de la Justice et procureur général du Canada a abordé plusieurs sujets, allant de la réforme de la justice pénale à la récente pause dans l’expansion de l’AMM. Ce qui suit est un extrait révisé dans lequel il discute des défis en matière de ressources et de sécurité des tribunaux au sein de notre système judiciaire.

ABC National : La diminution des ressources du système judiciaire à travers le pays suscite de plus en plus d’inquiétudes. Les juges et tous les acteurs du système judiciaire sont touchés par les contraintes budgétaires, qui affectent la sécurité des juges et l’accès à la justice. D’ailleurs, lors de [l’Assemblée générale annuelle de l’ABC], le juge en chef du Canada y a lui-même fait référence. Il s’est dit préoccupé par l’accès à la justice, les conséquences du manque de ressources et des retards, et ce que cela signifie pour la confiance du public envers notre système judiciaire. Dans quelle mesure cette question est-elle à l’ordre du jour des discussions avec vos homologues provinciaux?

Arif Virani, ministre de la Justice : C’est toujours une préoccupation étant donné que nous sommes confrontés à une population croissante, à des structures judiciaires en expansion et à des besoins judiciaires pressants. Malheureusement, la sécurité de tout le personnel, qu’il s’agisse de professionnels de la justice, du droit ou d’autres professionnels, est une question à laquelle nous devons être très attentifs.

Pour ce qui est des discussions avec mes homologues provinciaux et territoriaux, elles ont déjà lieu. Nous tenons régulièrement des réunions fédérales, provinciales et territoriales au cours desquelles nous discutons de l’administration de la justice dans nos juridictions respectives, et la nécessité de répondre à ces besoins en fait partie, de même que les besoins du système judiciaire en général.

À l’issue de la pandémie, il existe encore de nombreux points de pression au-delà des préoccupations auxquelles nous nous attaquons, notamment l’accès à la justice, les engorgements judiciaires et l’expérience autochtone dans nos tribunaux. J’essaie également de faire de mon mieux pour répondre le plus rapidement possible à certains besoins judiciaires aigus liés à des éléments tels que le nombre de nominations judiciaires. Avec David Lametti l’année dernière, nous avons nommé 100 nouvelles personnes, ce qui constitue un contraste assez favorable avec le nombre moyen de nominations par an sous le gouvernement précédent, soit environ 65 par an.

: Je comprends qu’il y a eu beaucoup de nominations. Mais le taux d’inoccupation tend toujours à osciller autour de 8 %. Comment se fait-il qu’il soit difficile de recruter des ressources pour le système judiciaire?

AV : Vous avez raison; nous avons commencé l’année en janvier 2023 avec environ 85 postes vacants. Vous auriez pu penser que nous serions aux alentours de 15, mais ce n’est pas le cas. Il y a de nombreux postes vacants, en partie à cause des départs à la retraite, qui sont prévisibles, et en partie parce que les gens choisissent de devenir surnuméraires. Il est important d’essayer de comprendre et de calibrer cette situation. Il s’agit de questions de personnel et de budget liées à la responsabilité des provinces en matière d’administration de la justice. Ainsi, même si je nomme des membres aux cours supérieures, ces palais de justice sont administrés par les provinces, et c’est ainsi que notre architecture constitutionnelle est mise en œuvre. Le procureur général de l’Ontario et toutes les autres provinces ont un rôle à jouer pour garantir que leurs systèmes judiciaires disposent du personnel et des ressources nécessaires, y compris pour répondre aux besoins en matière de sécurité, car une chose que nous avons apprise au cours des trois ou quatre dernières années est qu’il y a eu des niveaux croissants d’inquiétude concernant la sécurité des personnes aux yeux du public et des personnes qui œuvrent à des niveaux élevés de service public. Je ne veux pas dissuader les gens d’accéder à ces fonctions, mais, les encourager; m’assurer qu’ils sont protégés et en sécurité fait partie de cet encouragement.

: À Longueuil, il y a quelques semaines, au palais de justice, il y a eu une attaque à l’arme blanche, et je pense que c’est un interprète judiciaire qui a été le plus grièvement blessé. Il ne s’agit donc pas seulement de protéger les juges; c’est aussi le personnel des tribunaux.

AV : Cela ne fait aucun doute et c’est totalement inacceptable. Mes pensées sont avec le personnel judiciaire de Longueuil à la suite de ce qui vient de se passer, mais je sais que de tels incidents se produisent et nous devons nous assurer que nous faisons preuve de la plus grande diligence pour assurer la sécurité de notre personnel judiciaire et de nos tribunaux.

En même temps, ce que je constate, particulièrement au Québec, ce sont des efforts visant à rendre les palais de justice plus accessibles, ouverts et accueillants pour différents types de justiciables. Je parle des tribunaux pour violences sexuelles où l’hostilité, le caractère contradictoire et parfois le nouveau traumatisme que ressentent les victimes de violences sexuelles dans nos palais de justice. Ce phénomène est atténué par un nouveau modèle et une nouvelle façon de penser la manière dont nous abordons le système judiciaire.

Même s’il existe de nombreuses préoccupations, il existe également de nombreuses innovations, et je suis là pour essayer de répondre aux deux, de répondre aux préoccupations lorsque nécessaire et de stimuler l’innovation.

: Arif Virani, ministre de la Justice, merci de vous être joint à nous sur Droit moderne. Nous sommes reconnaissants du temps que vous consacrez pour parler à notre public.

AV : Ce fut un plaisir d’y participer. Et puis-je présenter un appel éhonté à tous les avocats intelligents qui pourraient envisager un rôle potentiel à la magistrature? Je ne peux nommer qu’autant de jurés distingués que j’en ai dans le bassin de candidats. Alors sachez que si vous êtes membre du Barreau depuis plus de dix ans et que vous sentez que vous avez la capacité et l’aptitude de servir en tant que membre de la magistrature, c’est ce dont nous avons besoin. Nous avons besoin de personnes distinguées pour servir et continuer à servir en tant qu’avocats en termes de candidats potentiels à la magistrature.

: Pensez-vous que certains candidats potentiels ou certaines candidates potentielles qui ne postulent pas ne se sentent pas à la hauteur?

AV : Tout à fait. Je pense que parfois les gens ne se voient pas rendus là. Ils pensent : « J’en suis à 10 ou 11 ans. C’est pour quelqu’un qui a 20 ans d’expérience ». Et je dis toujours aux gens que si vous pensez qu’un de vos collègues possède les atouts pour postuler, discutez-en tranquillement avec lui. Cela peut faire toute la différence. Et beaucoup de personnes que j’ai eu la chance de nommer m’ont dit exactement cela; qu’ils ne seraient pas là où ils sont sans un commentaire discret de ce juge d’audition, de ce maître, de la personne devant laquelle ils comparaissent dans le contexte d’un procès avec jurés, devant la cour d’appel, devant la cour provinciale, selon le cas.

Cela fait donc effectivement toute la différence. Je le pense donc très sérieusement lorsque je dis que je veux que les gens considèrent la noble profession de magistrat. C’est très noble. C’est un rôle distingué. Mais j’aimerais aussi accroître la diversité au sein de la magistrature et que les juges de ce pays soient à l’image des justiciables qui se présentent devant eux, et c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur.

Pour entendre le reste de notre entrevue (disponible uniquement en anglais), veuillez l’écouter sur votre service de diffusion en continu préféré (AppleGoogleSpotify) ou dans l’audio intégré ci-dessous.

 

Pour nous contacter (veuillez inclure dans la ligne d’objet « Balado ») : national@cba.org.