Le courage et la franchise
L’honorable Clément Gascon est le lauréat du Prix du président de l’ABC 2022.
Même avant que la pandémie ne mette en évidence la question de la santé mentale à l’échelle mondiale, la question a retenu l’attention du monde des affaires et du droit. Il est tout à fait approprié que le lauréat du Prix du président de cette année soit l’ancien juge de la Cour suprême du Canada, Clément Gascon, qui a contribué à déstigmatiser une bonne partie des discussions sur la dépression et l’anxiété dans la profession juridique.
Le président de l’ABC, Stephen Rotstein, a salué la franchise du juge Gascon au sujet de la santé mentale lors de l’Assemblée générale annuelle de cette année. « Son courage à cet égard est une source d’inspiration pour tous les juristes », a-t-il déclaré. « Au cours des années qui ont suivi 2019, notre appréciation de l’importance de se concentrer sur ces problèmes n’a fait que croître. »
Avant de siéger à la Cour suprême, le juge Gascon avait pratiqué le droit chez Heenan Blaikie, à Montréal, tout en enseignant le droit des affaires, le droit du travail et le droit de la construction à l’Université McGill. Il a été nommé à la Cour supérieure du Québec en 2002 et à la Cour d’appel du Québec dix ans plus tard, avant de se rendre à la Cour suprême en juin 2014.
Après sa retraite en 2019, le juge Gagnon s’est confié sur sa lutte contre l’anxiété et la dépression, qu’il dit avoir dissimulée depuis le milieu de sa trentaine.
En acceptant le Prix du président, l’honorable Clément Gascon a souligné que sa passion pour le droit et pour la justice, encouragée par ses mentors et ses anciens collègues, avait un prix — « le travail acharné, le dévouement et les sacrifices qui la caractérisent ». Heureusement, dit-il, il avait « le soutien, l’aide et la compréhension de ma famille proche et de mes amis ».
« Les défis et les luttes plus difficiles que certains membres de notre communauté juridique ont avec le perfectionnisme, l’anxiété, le stress ou même la dépression ne définissent pas une personne », a déclaré Gascon, maintenant avocat-conseil au sein de la boutique de litige, Woods, à Montréal. « Ces défis et ces luttes peuvent être gérés, traités et surmontés avec le recul approprié, avec de l’aide, de la franchise et de l’ouverture. »
C’est un secret de Polichinelle que des heures de travail excessives et un environnement très concurrentiel imposent un fardeau énorme à de nombreux membres de la profession juridique.
Une étude de cinq ans sur la santé mentale des juristes québécois, réalisée en 2019 en partenariat avec le Barreau du Québec, a révélé que 43 % des participants avaient vécu une certaine forme de détresse psychologique et que la proportion d’épuisement professionnel était de 19 %. L’étude québécoise sert actuellement de modèle pour une étude nationale menée par la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada en collaboration avec ses barreaux membres et l’ABC.
Notant que l’ABC est la première association de professionnels du droit à laquelle il s’est joint en tant qu’étudiant en droit de McGill il y a près de 40 ans, il a félicité l’association d’être un leader dans cette ouverture et ce dialogue. « Si j’ai aidé un peu à cet égard, je me sens très reconnaissant et honoré de l’avoir fait. »
« L’ABC a assumé et assume un rôle d’avant plan et fournit une voix forte, appréciée et à l’écoute sur les questions de bien-être au sein de la communauté juridique canadienne. »
Le Prix du président de l’ABC vise à reconnaître la contribution remarquable d’une juriste ou d’un juriste canadien à la profession juridique, à l’Association du Barreau canadien ou à la vie publique au Canada. Consultez la liste des lauréats et lauréates.