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Le bénévolat pour améliorer la pratique du droit

On consacre des heures pro bono pour aider des personnes se trouvant dans une situation de vulnérabilité, mais il permet aussi d’acquérir des compétences importantes pour votre pratique.

Jackie Bonisteel

Les juristes ne reçoivent pas souvent une invitation aux mariages de leurs clients, à moins que le travail qu’ils ont accompli soit directement responsable du mariage.

Jackie Bonisteel pratique le droit de l’immigration depuis son admission au barreau en 2012. La variété fait partie de la pratique de la juriste d’Ottawa, qui aide des particuliers et des sociétés d’un large éventail de pays et de circonstances aussi variées qu’il y a de gouttes dans l’océan.

Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine il y a un peu plus d’un an, Me Bonisteel a voulu faire quelque chose pour aider.

Elle s’est inscrite à l’initiative pro bono de la Section du droit de l’immigration de l’ABC pour aider des Ukrainiens vulnérables à déménager au Canada. L’initiative s’inspirait d’autres projets antérieurs que propose l’ABC depuis 2005, dont une initiative visant à aider des Afghans vulnérables à fuir leur pays après le retour des talibans à la fin de l’été 2021.

« Le but est d’offrir des consultations gratuites aux personnes qui présentent des demandes à des programmes canadiens, par exemple aux demandes d’autorisation de voyage urgentes pour les Ukrainiens, affirme Me Bonisteel. Nous avions l’intention de fournir des conseils sommaires de base, de les orienter dans la bonne direction et de les laisser se débrouiller à partir de là. »

Parfois, cependant, les juristes bénévoles doivent faire preuve de créativité.

À une occasion, Me Bonisteel a aidé un groupe de journalistes à parrainer un journaliste afghan. Il s’est rendu au Canada, mais sa fiancée, qui était en Afghanistan lors de la prise du pouvoir par les talibans, est restée coincée dans ce pays. Si elle avait été sa femme, elle aurait été admissible au programme de regroupement familial et aurait pu le rejoindre au Canada.

« Le groupe m’a contacté pour voir s’il y avait une façon de demander une autorisation spéciale afin de faire venir sa fiancée », explique Me Bonisteel.

Il a fallu du temps, mais elle a pu les aider. Le groupe a organisé un mariage pour le couple à Toronto et a invité Me Bonisteel à y assister.

« Vous savez, dit-elle, c’est l’une de ces choses qui fait que ce travail en vaut la peine. »

Daniel Lee, un juriste d’entreprise en immigration chez Fasken, à Vancouver, pratique le droit depuis neuf ans et est actif au sein de l’ABC depuis 2014. « Faire partie de l’ABC est très important, dit-il, car cela nous permet d’aider des gens à renforcer notre profession. »

La participation à l’initiative pro bono mise sur pied lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été une décision facile à prendre pour lui. Il conserve les cartes de remerciement qu’il a reçues de personnes qu’il a aidées. « Cela me rappelle que je suis capable d’aider quelqu’un. Et cela fait toute la différence », explique-t-il.

Compte tenu de son expérience en ressources humaines, Me Lee a voulu aider des gens à s’y retrouver dans le programme fédéral à l’intention des Ukrainiens. Il voulait aussi s’assurer qu’ils disposaient des renseignements et des ressources dont ils avaient besoin pour obtenir le statut de résidents permanents du Canada, tout en connaissant du succès à long terme.

« Pour le moment, le gouvernement fédéral ne fournit pas aux Ukrainiens qui fuient leur pays une voie spéciale vers la résidence permanente », affirme Me Lee. Le travail réalisé dans le cadre de l’initiative pro bono aide les juristes à comprendre les domaines où il y a des lacunes dans les programmes et à préconiser des changements qui veillent à ce que les objectifs des programmes soient atteints de la façon la plus efficace possible.

Me Lee et Me Bonisteel disent tous deux que les avantages de travailler sur un projet pro bono font plus que compenser le temps consacré, qui reste la décision des juristes. « Vous n’avez pas besoin d’être entièrement disponible, déclare Me Lee. Engagez-vous à respecter le temps que vous êtes prêt à consacrer en fonction de votre situation actuelle. Si vous n’avez qu’une heure de disponibilité par semaine ou par mois, réservez-la pour aider quelqu’un, car les services que vous fournissez permettront à une personne de plus d’entrer au Canada et lui sauveront la vie. »

Me Bonisteel ajoute que le travail lui-même est relativement facile. « Les formulaires sont assez simples. » Certains cas ne correspondent pas parfaitement aux programmes conçus et requièrent un peu plus de stratégie. « C’est bon pour moi, en tant qu’avocate, car cela me donne l’occasion de prendre le temps de bien comprendre les nuances de ces programmes. » Elle peut ensuite mettre en application cette compréhension avec ses autres clients.

« Juridiquement, je finis par apprendre beaucoup. »

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Initiatives pro bono de l’ABC en un coup d’œil

Initiative pro bono de l’ABC – crise en Afghanistan

  • Lancée en septembre 2021
  • Entre 15 et 20 juristes y ont participé
  • Plus de 300 personnes ont demandé du soutien
  • Fournit des services en persan, en dari et en pachto

Initiative pro bono de l’ABC – crise en Ukraine

  • Lancée en mars 2022
  • Entre 40 et 45 juristes y ont participé
  • Plus de 700 personnes ont demandé du soutien
  • Fournit des services en ukrainien et en russe
  • D’autres ressources externes utiles sont disponibles

Toute personne désireuse de travailler comme juriste bénévole devrait communiquer avec la Section du droit de l’immigration de l’ABC.