Mentorat pour juristes en petits cabinets
Comment apprendre des autres quand vous êtes le seul juriste présent?
Ronald Kumar, un juriste exerçant seul à Vancouver, affirme qu’il y a beaucoup d’avantages à fonder un cabinet.
« L’une des principales raisons pour lesquelles j’ai choisi de pratiquer le droit seul est l’autonomie, déclare-t-il, lui qui se spécialise dans le droit des préjudices personnels, le droit de la famille, le droit de l’immigration et les contentieux en général. J’ai toujours voulu être mon propre patron et diriger mon propre cabinet, ce qui me semblait l’option la mieux adaptée à mes clients et à moi-même. »
Après avoir observé des homologues de grands cabinets, Me Kumar a remarqué que la pression et les longues heures de travail affectaient souvent leur santé. « Je voulais être en mesure de prendre soin de ma santé physique et mentale, dit-il. Si je prends une heure pour dîner, je peux rapidement me rendre à la salle de gym et faire quelques milliers de pas. Avoir cette possibilité est très important. »
Me Kumar a grandi en regardant son père lancer une entreprise dans l’industrie du bâtiment et de la construction. « J’ai vu ce qu’il a fait, comment il a mis au point un modèle, pour lui, pour sa routine et pour son organisation. »
Hormis le mentorat reçu de son père, Ronald Kumar a également beaucoup appris de ses collègues au début de sa carrière.
« Lorsque j’ai commencé à travailler dans ce secteur, j’ai appris tout ce que je pouvais de l’aspect commercial du droit, pas seulement de la pratique du droit, explique-t-il. Par exemple, j’ai acquis des compétences en réseautage, en prospection de clientèle, en marketing, en gestion d’entreprise, en dotation et en comptabilité des fiducies. »
En tant que stagiaire et associé d’un cabinet de juristes, Me Kumar dit avoir consacré de nombreuses heures pour apprendre le plus possible de ses mentors.
« Je posais des questions et j’étais très curieux de connaître les tenants et aboutissants de l’exploitation d’un cabinet de juristes. Plus vous en apprenez et en savez sur ce qu’il faut pour exploiter une entreprise prospère, mieux c’est pour vous. »
Me Kumar déclare avoir la chance de partager un bureau avec d’autres juristes qui lui servent de mentors. « Si vous pouvez travailler dans un cabinet ou partager un bureau avec d’autres juristes exerçant seuls ou en petits cabinets, faites-le, car il y aura toujours quelqu’un qui sera en mesure de vous guider ou de répondre à des questions de nature commerciale », conseille-t-il.
Contacter des spécialistes
« La liberté qui va de pair avec la création d’un cabinet de juristes est passionnante, affirme Erin Brandt, avocate en droit de l’emploi à Vancouver et cofondatrice de PortaLaw. Être propriétaire d’une entreprise vous donne un contrôle incroyable. C’est vous qui prenez les décisions. Vous devez créer une vision et la réaliser. »
Me Brandt et sa partenaire commerciale ont lancé leur cabinet de juristes au début de la pandémie de COVID-19.
Quand elles ont décidé de lancer leur petit cabinet, elles ont contacté plusieurs juristes de leur communauté, dit-elle. « Chacun d’eux a partagé avec nous une expertise différente, comme le logiciel de gestion de cabinet qu’ils utilisaient, les défis auxquels ils étaient confrontés, la manière dont ils concluaient des accords de partenariat, les pratiques qui allaient bien et celles qu’ils feraient différemment après réflexion. »
Pour Me Brandt, le mentorat fait partie intégrante de la croissance et du développement de son cabinet. « Nous nous inspirons des expériences de nos amis et de nos collègues, explique-t-elle. C’est plus facile lorsque vous êtes entourés d’une communauté de personnes qui partage leurs objectifs, leur vision et les expériences qu’elles ont vécues dans l’exploitation de leur cabinet de juristes. »
Me Brandt affirme que les juristes qui dirigent leur cabinet doivent s’assurer de penser comme des propriétaires d’entreprise et comme des juristes.
« Pour certaines personnes, il s’agit de travailler sur des dossiers et de pratiquer le droit, alors que les affaires sont secondaires. Toutefois, je pense aussi qu’il est important d’investir dans la gestion de l’entreprise pour disposer d’aides utiles, qu’il s’agisse de soutien administratif ou de mentors, pour vous assurer d’être efficace », explique-t-elle.
Si des juristes envisagent de créer un cabinet, Erin Brandt leur recommande de simplement se lancer. « En cas d’échec, vous pouvez faire autre chose. En cas de succès, une aventure incroyable vous attend. »
Participer à des associations comme l’ABC
Edith Szilagyi a commencé sa carrière juridique dans un cabinet, puis a exercé le droit seule pendant sept ans. Mère d’un jeune garçon, elle est récemment retournée travailler dans un petit cabinet, motivée à l’idée d’avoir un horaire fixe. « Comme tout le monde, je voulais atteindre cet équilibre insaisissable entre vie professionnelle et vie privée », déclare-t-elle, elle qui travaille maintenant comme avocate plaidante chez Clark Woods LLP à Coquitlam, en Colombie-Britannique.
Comme beaucoup d’autres juristes, Me Szilagyi dit qu’elle n’en savait pas beaucoup sur la gestion d’une entreprise quand elle a fait ses premiers pas.
« À l’époque, je ne savais pas à qui demander de l’aide. J’avais des amis qui pratiquaient le droit, mais ils n’avaient pas de cabinet. Il était vraiment difficile de trouver des gens avec qui parler. Et quand j’en rencontrais, j’avais de la difficulté à leur poser des questions. »
Cependant, Me Szilagyi dit que ces attitudes changent. « De nos jours, les juristes sont plus ouverts sur la façon de gérer une entreprise, sur le salaire que vous êtes censé faire et sur les coûts d’exploitation. »
Selon Me Szilagyi, les juristes peuvent trouver des mentors par le biais d’événements organisés par des organisations de droit locales et par l’ABC. « Lors de ces événements, vous rencontrerez des personnes animées des mêmes idées que vous, dit-elle. Entrez en contact avec d’autres juristes qui possèdent des cabinets parce qu’il est très probable que si vous le faites, ils seront prêts à s’asseoir avec vous et pour avoir une conversation. »