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Les juristes suppléants expliqués

L’embauche d’un juriste pour un contrat à court terme peut avoir de grands avantages si les parties connaissent bien les conditions.

Short-term contracts can be good for lawyers
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L’embauche d’un juriste suppléant pour un contrat à court terme peut rimer avec des avantages aussi bien pour le juriste que pour l’organisation. Toutefois, il peut être difficile de s’entendre sur les conditions et sur les honoraires du contrat.

Rhonda McCallum Lichtenwald, avocate et médiatrice chez Hillcrest Law & Mediation, a eu de nombreux contrats à court terme au cours de sa carrière juridique de trente ans.

« Le monde du travail juridique contractuel est vaste. J’ai eu beaucoup de mandats de ce type », affirme Me Lichtenwald, qui a conclu des contrats avec le bureau d’aide juridique, la Law Foundation of British Columbia, le Barreau de la Colombie-Britannique et des cabinets juridiques privés. « Il y a le travail contractuel, le travail de consultation et la prise en charge de travail excédentaire, notamment pour des juristes débordés qui ne veulent pas nécessairement prendre une pause. Vous vous présentez et vous agissez presque comme si vous étiez une nouvelle avocate ou une avocate à temps partiel pour aider cette personne à passer à travers une période occupée. »

Après avoir enseigné pendant dix ans au cours d’admission du Barreau de la Colombie-Britannique, Me Lichtenwald est retournée à la pratique privée en 2015.

« Je recommençais à zéro, dit l’avocate de Vancouver. Je savais qu’il me faudrait un certain temps pour réintégrer le marché après avoir été absente si longtemps. »

Me Lichtenwald s’est inscrite au répertoire de suppléants de son barreau. Au cours des dernières années, elle a aidé un juriste en pratique générale avec des dossiers complexes en droit de la famille et a remplacé l’une de ses anciennes étudiantes lors d’un congé de maternité, une avocate occupée pratiquant dans le domaine du droit de la famille dont les clients avaient besoin d’assistance pendant son absence.

Karuna Belani, une juriste exerçant seule dans les domaines du droit de la famille ainsi que de la planification successorale et des litiges, est également inscrite comme avocate suppléante auprès du Barreau de la Colombie-Britannique et accepte des contrats à court terme.

« Je m’occupe de travaux ponctuels dans des dossiers, affirme Me Belani, de Richmond, Colombie-Britannique. S’il y a du travail en attente, j’apporte du soutien avec certains dossiers ou, s’il y a un dossier qui nécessite beaucoup de travail parce qu’il comprend un élément complexe, alors je me concentre sur cette partie uniquement. »

 

Un grand avantage en matière de flexibilité

L’aspect préféré du travail des contrats à court terme pour Me Belani est la flexibilité.

« Si mon horaire me le permet, j’accepte certainement le mandat, mais je peux dire que je ne suis pas en mesure d’aider avec une affaire, tout en précisant que je pourrai la prochaine fois », dit-elle.

Warren Bongard, président et cofondateur de ZSA Legal Recruitment, dit que son organisation peut aider des entreprises et des cabinets juridiques à embaucher quelqu’un à court terme.

Certains contrats à court terme peuvent être dus à des congés de maternité, à des congés de maladie et à d’importants projets. Il peut s’agir de travail de diligence raisonnable pour des fusions et des transactions de transition, ou encore des projets d’examen de documents lors de litiges, explique M. Bongard.

« Les contrats à court terme peuvent être avantageux pour les juristes qui recherchent une certaine flexibilité dans leur carrière, soutient-il. La carrière de ces juristes se fonde sur leur flexibilité et leur capacité à passer d’un contrat à l’autre ».

 

Avantages pour les employeurs

L’embauche de juristes contractuels peut aussi être avantageuse pour les employeurs, selon M. Bongard.

« Il n’y a pas de coûts salariaux à long terme, et vous n’avez pas à composer avec la cessation d’emploi et l’indemnité de départ. Les cabinets juridiques et diverses organisations devraient tenir compte des coûts et des avantages lorsqu’ils cherchent à embaucher un juriste à court terme », recommande-t-il.

« La question qu’ils devraient se poser est la suivante : vaut-il la peine pour moi de confier ce dossier à un cabinet tiers ou devrais-je m’en occuper à l’interne en recrutant un juriste contractuel qui peut travailler à un taux horaire fixe ou réduit? »

Me Lichtenwald recommande également aux juristes qui cherchent un suppléant pour les aider d’effectuer cette analyse des coûts et des avantages.

« Si une juriste ne fait pas beaucoup d’argent, il peut être financièrement difficile de payer quelqu’un pour qu’il travaille à sa place si elle n’en tire aucun profit ou que cela ne lui permet même pas de maintenir sa pratique. Elle doit être capable de payer quelqu’un et sa pratique doit être assez autonome pour lui permettre de le faire. »

Me Lichtenwald croit que de nombreux problèmes logistiques peuvent également se présenter lors du recrutement d’un suppléant.

« Si vous vivez à un endroit éloigné, vous devrez peut-être payer pour faire venir quelqu’un et aussi déterminer où cette personne va rester si elle ne vit pas dans la région », explique-t-elle.

Pour d’autres contrats à court terme, il peut être difficile de négocier les honoraires.

« J’ai eu de la difficulté au fil des ans à établir les honoraires à demander pour des contrats à court terme », confie Me Lichtenwald.

Certaines organisations, comme la Law Foundation of British Columbia, ont un taux précis pour le travail contractuel.

« Si vous avez un contrat avec un cabinet juridique, c’est quelque chose que vous devez négocier. Vous devez les convaincre qu’ils vont quand même gagner de l’argent », soutient-elle.

Me Belani conseille également aux juristes qui envisagent de travailler comme suppléants ou comme travailleurs à court terme de s’informer sur la police d’assurance auprès du barreau de leur province.

« Vous devrez savoir ce qui est couvert par l’assurance, dit-elle. Couvre-t-elle seulement votre pratique ou comprend-elle aussi le travail que vous faites pour d’autres juristes dans le cadre d’une entente contractuelle? »

 

Augmenter la visibilité du travail contractuel

Selon Me Belani, il peut être difficile pour les nouveaux juristes de trouver des contrats à court terme.

« Il est ardu de tomber sur de telles occasions. Je ne sais pas pour quels dossiers des juristes cherchent l’aide d’un juriste contractuel, dit-elle. Du point de vue de la sensibilisation, ce serait vraiment bien si le Barreau augmentait la visibilité des juristes contractuels. De grands cabinets ou des juristes qui sont débordés pourraient annoncer qu’ils cherchent de l’aide pour une période précise. »

Me Lichtenwald recommande aux juristes qui cherchent des contrats à court terme d’ajouter leurs noms au répertoire des suppléants de leur barreau provincial et de faire de la publicité sur leur site Web.

Toutefois, selon elle, une grande part du travail contractuel est fondé sur les relations.

« Une façon de se faire connaître consiste à s’impliquer auprès de l’Association du Barreau canadien, à participer à des réunions et à passer le mot, recommande-t-elle. Quand je tentais de m’établir de nouveau, j’assistais à des réunions en personne de l’ABC environ une fois par mois seulement pour distribuer ma carte de visite, et pour montrer que j’étais de retour sur le marché et que j’acceptais des contrats. »