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Entrevue avec Vincent Brousseau-Pouliot

Le journaliste à La Presse s’est fixé comme objectif de vulgariser nos lois fondamentales et les droits et les libertés qu'elles protègent.

Vincent Brousseau-Pouliot
Alain Roberge

« Vos droits et libertés en 45 questions » est le premier livre du journaliste à La Presse Vincent Brousseau-Pouliot.

ABC National : Qu’est-ce qui vous a amené à rédiger ce livre ?

Vincent Brousseau-Pouliot : J’ai fait mon droit à l’Université Laval et puis en fait c’était vraiment un intérêt que j’avais. Dans les médias, on a souvent vulgarisé les enjeux juridiques. Éducaloi fait un travail vraiment exceptionnel aussi. Il y a beaucoup de livres juridiques spécialisés pour les avocats, mais je ne connais pas de livre de vulgarisation des droits et libertés. On parle chaque semaine de la liberté d’expression, du droit à l’égalité, des garanties judiciaires, de la liberté de religion, du respect de la vie privée. Mais qu’est-ce qu’on en sait essentiellement ? Donc j’ai voulu faire un ouvrage avec des questions concrètes qui pouvaient expliquer aux gens leurs droits et libertés. En fait, je pensais vraiment à deux personnes en écrivant le livre. Je pensais à ma mère, qui n’a pas de formation en droit, en me demandant si ça pourrait l’intéresser. Est-ce qu’elle va bien comprendre ? Et je pensais aussi souvent à un cégépien de 18 ans qui commence sa vie adulte, ou quelqu’un à la fin du secondaire. Il faut lui expliquer ça le plus clairement possible, lui donner les faits pour qu’ensuite il puisse faire sa propre réflexion.

N : Vous avez choisi 45 questions pratiques à partir desquelles vous entrez dans ces sujets-là. Comment les avez-vous choisies ?

VBP :  En fait au début, il y en avait moins. C’est juste qu’à force de lire, des questions se rajoutaient. Beaucoup de ces questions, je me les posais, et puis j’ai choisi des questions pratico-pratiques qui intéressent les gens. Par exemple, est-ce que le patron peut lire vos courriels ? Ça touche vraiment tout le monde. Est-ce qu’on peut congédier quelqu’un qui a des problèmes de santé à répétition ? Est-ce que la police peut arriver, puis vous fouiller ? Est-ce que votre ado peut être soumis à une fouille à l’école secondaire ? Ce sont des situations qui peuvent toucher les gens.

N : Qu’est-ce qui vous avait le plus surpris dans vos recherches ?

VBP : J’ai travaillé environ une année et demie sur le dossier. Et même si ça ne m’a pas vraiment surpris, je me disais en regardant l’actualité qu’on parlait beaucoup de liberté d’expression, de liberté de religion, du droit à l’égalité. On a beaucoup parlé de discrimination systémique. Donc nos droits et libertés sont vraiment dans tous les débats. Peu importe où on se situe sur l’échiquier politique, ce sont des enjeux qui sont abordés.

N : Et vous avez consulté plusieurs juristes dans vos recherches ?

VBP : Plusieurs juristes qui m’ont donné un grand coup de main. J’ai eu des entrevues avec le juge en chef de la Cour suprême Richard Wagner, le juge Louis Lebel, avec Marc-André Bédard qui a réformé la Charte québécoise des droits et libertés, avec Gurbaj Multani qui est le jeune sikh qui a été au centre du litige du kirpan au Québec et avec John Parisella pour parler de l’époque de Robert Bourrassa et la clause nonobstant. Ils m’ont tous aidé, ils m’ont expliqué et souvent réexpliqué l’état de droit dans leur spécialité. Sans eux, ça n’aurait pas été possible de faire ce travail.

N : Selon vous, est-ce que nous échouons – la société en générale – à la tâche d’éduquer les gens quant à leurs droits et libertés en général ?

VBP : Pour être franc, je ne sais pas, et je n’ai pas étudié cette question-là. Ce que je peux dire c’est que le livre s’adresse au grand public, mais aussi au milieu juridique. Je ne dis pas qu’il faut plaider ce livre devant la Cour suprême. Il n’a pas été écrit dans cette optique-là. En même temps, souvent les avocats vont maîtriser les grands concepts, mais si on demande à quelqu’un qui est spécialiste en fusion et acquisition quels sont les contours très précis de la liberté d’expression, il se peut que ses cours du bac puis du barreau soient un peu loin. Je pense qu’il va trouver le livre utile.

Cette entrevue a été abrégée aux fins de publication.