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Se préparer pour réaliser son potentiel

Les juristes mettent des années à développer leur expertise. Mais pour atteindre leur plein potentiel, ils doivent aussi se concentrer sur la gestion de leur pratique et de leur clientèle.

Lisa C. Fong, Q.C.
Lisa C. Fong, c.r., Ng Ariss Fong Lawyers

Les juristes ne se développent pas tous au même rythme. Certains peuvent passer des années à perfectionner leur art et leur expertise avant d’atteindre l’apogée de leur carrière.

Pour d’autres comme Lisa Niro, avocate vancouvéroise spécialisée en droit commercial et en immobilier, la carrière démarre sur les chapeaux de roue. Après environ trois ans de pratique, Me Niro a commencé à se voir inviter à prendre la parole lors de conférences. « Cela m’a donné beaucoup de confiance, de savoir qu’on avait foi dans mes connaissances et mon expertise et dans l’information que j’avais à transmettre, se réjouit-elle. Ma pratique se développait beaucoup de bouche à oreille. On me confiait de plus en plus de dossiers, qui se faisaient de plus en plus intéressants. » Aujourd’hui associée-chef de la direction à Bell Alliance LLP, elle ajoute que bon nombre de ses premiers clients l’ont suivie tout au long de sa carrière.

Lisa C. Fong, c.r., associée chez Ng Ariss Fong Lawyers à Vancouver, estime que d’après son expérience, les compétences juridiques se développent par étapes.

« La première étape consiste à apprendre à gérer sa pratique — dans quels domaines du droit orienter votre pratique, comment attirer des clients, quels dossiers accepter et savoir quelle clientèle vous convient le mieux », dit-elle. Me Fong, admise au Barreau en 1998, s’est spécialisée dans le droit autochtone, administratif et de la réglementation professionnelle.

« Après cinq ans de carrière, de nombreux juristes commencent à élargir leur pratique et sentent qu’ils sont passés au niveau supérieur, poursuit Me Fong. C’est pendant ces années de croissance que vous commencez à sentir vos reins solides côté savoir-faire. Vos collègues prennent du galon et peuvent vous recommander à de bons clients, et vous avez désormais l’expérience voulue pour faire du très bon boulot, et l’on n’en recommandera que davantage vos services. »

Me Fong relate que son cabinet et sa pratique ont mis une décennie à atteindre une situation enviable. « C’est entre les 10 et les 20 ans de carrière que nous avons véritablement consolidé notre pratique, car nous connaissions bien notre travail à ce stade. Nous avions assez de clients payants pour assurer notre stabilité financière, et nous avions également la stabilité dans notre équipe, raconte-t-elle. Nous avons la vie plus facile à présent. Voilà pour les bonnes nouvelles : ça devient plus facile, car on s’améliore avec l’expérience. »

« Aujourd’hui, ce sont les clients qui viennent à nous. Le travail attire le travail », ajoute-t-elle.

Me Niro recommande que les juristes qui souhaitent réaliser leur plein potentiel se concentrent sur la gestion de la pratique et de la clientèle. « Ces éléments sont cruciaux pour votre pratique quotidienne, et l’on ne vous enseigne pas ces choses à la faculté », dit-elle.

Apprenez à vous mettre à la place du client, conseille-t-elle. « Le dossier en question peut être la situation la plus difficile que votre client ait connue. Songez à ce qui le préoccupe. Tâchez de trouver la source de son anxiété. Savoir faire cela vous aidera à bien guider votre client. »

Au bout du compte, dit Me Niro, la gestion des clients passe d’abord par une communication limpide.

« Parfois, explique-t-elle, il faut le guider dans les démarches les plus simples et lui indiquer clairement les étapes ou procédures à suivre afin qu’il comprenne où le dossier s’en va. »

Me Niro recommande aussi que les juristes se dotent d’un régime de travail qui les aidera à bien gérer leur pratique.

« Si vous n’êtes pas du genre à rédiger au petit matin, adaptez votre horaire de façon à le faire entre 16 h et 17 h, après avoir pris et traité tous vos appels, courriels et rendez-vous. Vous pourrez alors travailler l’esprit tranquille », conseille-t-elle.

Pour sa part, Me Niro commence par faire la liste de ses tâches de la journée, accordant la priorité aux plus urgentes et réglant les plus faciles et les plus rapides à faire en début de journée. « Quand je vois ma liste des choses à faire diminuer de moitié en seulement une heure ou deux après le début de ma journée, alors ça va bien. Je me sens en force pour le reste de la journée. »

Dans une vue d’ensemble, Me Fong recommande aux juristes de réfléchir aux domaines du droit qui les intéressent.

« En tant qu’êtres humains, nous gravitons naturellement vers ce qui nous intéresse. Nous devenons meilleurs dans ce qui nous passionne, dit-elle. Quand vous êtes novice, vous n’avez pas toujours le choix, mais quand vous gagnez en expérience, vos options s’élargissent. Vous finissez par pouvoir faire le travail qui vous attire. »

Il est aussi essentiel d’avoir des intérêts et des loisirs autres que le droit.

« La pratique du droit est un marathon, et non un sprint, dit Me Niro. Vous devez trouver un point d’équilibre dans votre vie, sans quoi vous irez à l’épuisement. »

Bien qu’elle pratique le droit depuis 24 ans, Me Fong dit qu’elle n’a pas fini d’apprendre. « C’est particulièrement vrai pour le droit des Autochtones, où c’est un apprentissage constant. Les dossiers se font plus ardus et plus longs; il y a plus d’éléments de preuve et plus d’éléments contextuels », raconte-t-elle.

En tant qu’avocate plaidante, Me Fong estime que chaque dossier lui donne l’occasion d’essayer quelque chose de nouveau. « C’est toujours stimulant. On ne s’ennuie jamais! » conclut-elle.

« Quand je me compare à ce que je faisais il y a un an ou deux, je trouve que j’ai progressé beaucoup, dit Me Niro. Si vous avez cessé d’apprendre, c’est probablement le moment de songer à la retraite. »