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Un nouvel acteur clé dans l’industrie juridique

Ils portent plusieurs noms : chef du personnel, chef des opérations juridiques, directeur des opérations juridiques. Leurs fonctions vont de la planification stratégique à la consolidation d&rsquo;équipe, en passant par le soutien au contentieux, les communications et la gestion financière.</p>

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Ce sont les professionnels des opérations juridiques. Encore peu connus au Canada, ces juristes nouveau genre transforment la prestation des services juridiques tant aux petites entreprises qu’aux sociétés Fortune 500 aux États-Unis. Et côté gestion d’entreprise, ils commencent à supplanter les avocats généraux.

 

« Les avocats généraux manquent de formation, de compétences ou de temps pour gérer des organisations complexes tout en exécutant d’autres tâches », indique l’auteur, professeur et prophète du droit Kenneth Grady.

« Ils font profiter les organisations juridiques – particulièrement dans leurs relations avec leurs fournisseurs de services – d’une expertise et d’une discipline sans pareil. » Au-delà des tâches administratives, ils occupent au sein des cabinets un rôle de premier plan assorti d’importantes obligations, ajoute-t-il.

Prenons Google comme exemple : Mary O’Carroll, chef des opérations juridiques, a vu l’effectif de son service plus que décupler depuis 2008. Pour optimiser les ressources, les clients cherchent plus que jamais à conjuguer qualité, rapidité et bas prix, et se demandent à qui faire appel. Avocats ou professionnels des affaires juridiques? Ressources internes ou externes? Cabinet ou autre type de fournisseur?

« De nos jours, il y a plus de choix, et la demande s’intensifie, indique Me O’Carroll par courriel. Notre souci d’efficience stimule le marché des technologies juridiques. Plus de données, de transparence, d’automatisation : c’est ce que nous cherchons à l’interne et de la part des cabinets ou des fournisseurs de services. »

Les professionnels des opérations juridiques peuvent grandement aider les entreprises à peser leurs options, souligne Me Grady.

« Ce sont maintenant les points de contact des cabinets d’avocats au quotidien. Ils jouent un rôle prépondérant dans l’évaluation et la sélection des cabinets. Ils préparent et gèrent des demandes de propositions. Ils peuvent mener les pourparlers en cas de différend entre un cabinet et un service du contentieux, alors que l’avocat général n’interviendra qu’en dernier recours », ajoute-t-elle.

« Il n’est pas rare pour les cabinets de rencontrer un service du contentieux relevant du professionnel des opérations juridiques, et non de l’avocat général. »

Malgré l’absence de données objectives en ce sens, on voit que les services dotés de ces professionnels passent plus rapidement que les autres à des modes de fonctionnement modernes, rentables et de qualité supérieure.

« Je n’ai jamais entendu quelqu’un dire regretter d’avoir créé un poste du genre ou douter de son utilité, affirme Me O’Carroll. Si ce rôle prolifère si vite, c’est notamment à cause de son rendement immédiat sur le capital investi. Lorsque les opérations relèvent de quelqu’un d’autre, les avocats peuvent se concentrer davantage sur le travail hautement profitable pour lequel ils ont été embauchés. »

Qu’il s’agisse de gérer le budget, de travailler avec des avocats externes, d’instaurer des systèmes, d’améliorer les méthodes internes ou d’établir des politiques et des procédures, l’effet sera mesurable; les entreprises peuvent d’ailleurs mesurer ces gains d’efficience à l’aide d’indicateurs et de rapports, ajoute Me O’Carroll.

Selon Me Grady, les avocats se concentrent sur les questions d’ordre juridique aux dépens des opérations, ce qui engendre une hausse des frais d’avocat, une certaine inefficacité et des pratiques stagnantes par rapport à d’autres services. D’où le recours aux professionnels des opérations juridiques.

« Les avocats font comme s’ils pouvaient tout faire, mais c’est faux, précise t il. C’est ainsi que les services du contentieux deviennent des organisations onéreuses qui misent sur le travail manuel. »