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Mettre l’innovation en marche

Il ne s’agit pas que de logiciels.

Panelists Friedrich Blase, Mark Le Blanc, Joe Milstone, and Martine Boucher
Panélistes Friedrich Blase, Mark Le Blanc, Joe Milstone, and Martine Boucher

Thomas Edison a dit un jour que le génie c’est un pour cent d’inspiration et quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration. Quand les juristes d’entreprise contemporains ont une idée de génie, ils peuvent considérer que les efforts déployés pour l’avoir pèseront fort peu face à ceux qu’ils devront faire pour la mettre en pratique.

Martine Boucher, fondatrice de Simplex Legal, estime que la proportion se situe à 10 % pour la conception de l’idée et 90 % pour sa mise en œuvre, l’établissement des processus et les efforts nécessaires pour gérer le changement.

C’est ce qu’elle a dit alors qu’elle présidait une séance plénière de la Conférence de l’ACCJE 2019 intitulée Examen objectif de l'innovation : Mesurer ce qui est réel et important pour votre organisation. À ses côtés se trouvaient Joe Milstone, entrepreneur juridique et fondateur de Legalyze Operations Corporation, entre autres fonctions, Mark Le Blanc, chef du contentieux, TVO, et Friedrich Blase, cadre en résidence, Legal Innovation Zone, Université Ryerson.

Pour Joe Milstone, la répartition diffère légèrement : 80 % des efforts concernent le premier pas, cette première décision de faire quelque chose au lieu de se terrer dans une zone de confort.

Mark Le Blanc, qui a supervisé la transition de TVO du statut de diffuseur traditionnel à société numérique, affirme que la première chose qu’il a comprise, c’est que l’innovation ne se limite pas à la technologie, c’est aussi une question de changement des procédés, ce qui, dans son milieu de travail, a eu des répercussions générales beaucoup plus vastes que l’adoption d’une nouvelle technologie.

Joe Milstone voit l’innovation dans le cadre d’une évolution chronologique. La première forme d’innovation a eu lieu il y a environ 25 ans lorsque, dit-il, les services du contentieux d’entreprises eux-mêmes étaient l’innovation. La deuxième innovation a touché les ressources s’agissant de la répartition des tâches, par exemple une répartition souple des tâches entre les juristes de l’entreprise et les juristes extérieurs. La prochaine forme d’innovation sera centrée sur les opérations juridiques, ce qui comprend entre plusieurs autres aspects, il importe de le noter, la technologie.

« J’espère que vous n’en avez pas marre de l’innovation juridique, car elle ne fait que commencer », affirme Friedrich Blase, dont l’expérience dans ce domaine comprend la mise en place d’un consortium de cabinets pour mettre à l’épreuve un logiciel pilote d’extraction des clauses contractuelles. Il a tiré du processus un certain nombre d’enseignements au sujet de l’innovation technologique, dit-il, utilisant la métaphore d’une voiture allemande pour illustrer ses conclusions. Un grand nombre de personnes disent vendre des propulseurs Porsche qui pourraient même être autonomes dans trois ans, mais en fait, sous le capot, c’est juste des Volkswagen Polos.

Plus important, a-t-il dit, il a découvert que « l’achat de la technologie est facile. Cette dernière représente cinq pour cent de votre problème. Ce sont le processus et les ressources pour faire fonctionner correctement la technologie » qui requièrent du temps et de l’énergie. « La décision d’adopter la technologie est la partie visible de l’iceberg. »

Selon Mark Le Blanc, ce qui l’a le plus surpris c’est qu’il a dû se transformer en représentant de commerce pour pouvoir réaliser quoi que ce soit. « Lorsque vous envisagez pour la première fois d’essayer de vous attaquer à l’un de ces défis, vous aurez besoin de deux choses : des ressources et un budget », a-t-il affirmé. « Pour les obtenir, vous devez faire quelque chose que les juristes ne font généralement pas : vous devez vendre votre idée. »

Et d’ajouter, que les efforts de vente ne cessent jamais. Il appelle cela la hiérarchie de difficile, plus difficile et encore plus difficile : il est difficile de savoir quoi faire, plus difficile de mettre cette idée en œuvre, et encore plus difficile d’amener les gens à l’adopter. Il a parlé de la conception d’une base de données qui donnerait des indications importantes pour guider les décisions futures, qui n’a jamais été utilisée. Pour que votre idée novatrice fonctionne, « il faut la nourrir et il faut l’utiliser », a-t-il dit.