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Former la prochaine cohorte de juristes

Angelique EagleWoman, nouvelle doyenne de la faculté de droit Bora Laskin de l’Université Lakehead nous parle de vérité et réconciliation, de l’accessibilité des études en droit et de son influence sur la prochaine génération d’avocats.

Angelique EagleWoman

National: Les premiers étudiants en droit de Lakehead reçoivent leur diplôme cette année. Croyez-vous qu’ils soient prêts à affronter le marché du travail?

Angelique EagleWoman: Avant d’obtenir leur diplôme, nos étudiants font des observations sur la peine, traversent les étapes d’un procès et rédigent des contrats. C’est ainsi qu’ils bâtissent leur confiance et qu’ils peuvent, dès leur début de carrière, s’atteler pleinement à la tâche. Je crois aussi que les étudiants tirent parti du stage qu’ils doivent réaliser durant leur troisième année. Et les donneurs de stage sont élogieux : il semble que nos étudiants s’adaptent très rapidement.

N: Quelles leçons Lakehead pourrait-elle offrir aux autres facultés en ce qui concerne la formation de la prochaine génération d’avocats?

AE: La faculté de droit Bora Laskin, la plus jeune au Canada, répond au souhait de rendre les études en droit plus accessibles et à la volonté d’offrir aux diplômés une plateforme qui fait d’eux de meilleurs professionnels. Le savoir-faire et les exercices sont au cœur de notre enseignement.

N: Quelle évolution souhaitez-vous pour l’enseignement du droit?

AE: Chaque faculté de droit doit […] déterminer comment elle répondra aux besoins juridiques de sa communauté et du pays. Pour notre part, nous nous consacrons à l’exercice du droit en milieu rural, au droit des ressources naturelles et de l’environnement – en cette matière, nous sommes bien placés géographiquement pour étudier les questions touchant le Nord de l’Ontario –, ainsi qu’au droit autochtone et aux questions se rapportant aux peuples autochtones, qui sont bien entendu au cœur de notre cursus.

Nos orientations découlent en partie des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation, mais elles les ont aussi devancées à bien des égards.

N: La Commission recommande d’exiger que tous les étudiants de droit suivent un cours de droit autochtone. Est-ce suffisant?

AE: Il faut commencer par là. Les gens croient souvent que le droit autochtone est à ce point complexe qu’il est insaisissable. Mais en instaurant un cours obligatoire lors de la première année (et de la deuxième, à Lakehead), on initie les étudiants à l’histoire des relations juridiques entre le gouvernement canadien et les communautés autochtones. Une fois qu’ils pratiqueront le droit, ils seront donc à l’aise avec le sujet et pourront y réfléchir de manière constructive.

N: L’Université Lakehead entend accroître l’accessibilité des études en droit pour les peuples autochtones. Quelle stratégie employez-vous pour les attirer?

AE: Le droit touche tous les aspects de la vie des Autochtones, même s’ils ne le savent pas toujours. Alors, c’est en les aidant à faire des liens et en leur montrant qu’ils peuvent changer les choses qu’on les amènera à envisager de faire carrière en droit.

N: En quoi vos objectifs de doyenne porteront-ils la marque de votre expérience de juge de tribu et d’avocate?

AE: Je crois pouvoir apporter un point de vue différent, vu ma connaissance des dossiers américains et internationaux. Par ailleurs, j’ai œuvré dès le départ à la réalisation de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Je suis donc très heureuse  d’entendre Justin Trudeau en parler et ainsi mettre la barre haute en ce qui concerne les relations entre le gouvernement fédéral, les Premières Nations et les Canadiens.

N: En ce début de mandat, quelles sont vos priorités?

AE: Je veux consolider notre faculté et faire en sorte que notre programme profite le plus possible aux étudiants. J’ai très hâte à la collation des grades de nos premiers diplômés. Je serai là pour leur rendre hommage, ce jour-là. Nous sommes très fiers de leurs réalisations passées et de leurs réussites futures.

Dans la philosophie autochtone, ilfaut tenir compte des conséquences de ses actions sur les sept générations suivantes. Cet idéal, je souhaite que notre faculté continue de le mettre en pratique.

Cette entrevue a été condensée pour fins de publication.