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Universitaire, avocate et auteure

Naiomi Metallic, lauréate du prix pour le droit Ramon-John-Hnatyshyn, s’efforce d’expliquer de manière accessible comment le droit peut améliorer la vie des peuples autochtones au Canada.

Naiomi Metallic
Photo soumise

Lorsque le gouvernement Harper a décidé, il y a 13 ans, de réduire les prestations d’aide sociale pour certains des citoyens et citoyennes les plus vulnérables du Canada, il ne s’attendait peut-être pas à une bataille.

C’est pourtant ce qui est arrivé.

Naiomi Metallic, lauréate de cette année du prix pour le droit Ramon-John-Hnatyshyn, a épaulé les Premières Nations des Maritimes dans leur lutte contre ces coupes arbitraires et punitives. Le litige connu sous le nom de Simon v. Canada est devenu une odyssée juridique de 2011 à 2015.

Me Metallic était encore en train de se faire les dents en tant qu’avocate plaidante lorsque l’affaire a atterri chez Burchells LLP, aujourd’hui Burchell Wickwire Bryson (BWB) LLP à Halifax, cabinet réputé pour son groupe de pratique novateur en matière de droit autochtone.

« Cela m’a totalement ouvert les yeux sur les problèmes et les enjeux, ainsi que sur le sous-financement chronique des services dans les communautés des Premières Nations, dit-elle.

C’est quelque chose que je n’ai jamais appris, et il n’y a pratiquement rien d’écrit à ce sujet. Je me suis dit : Il faut que j’écrive sur ce sujet. Je dois en parler. Je dois faire en sorte que les gens en prennent conscience. »

Le nouveau gouvernement libéral à Ottawa a abandonné le combat pour la réduction de l’aide sociale en 2015. « Nous avons donc pu empêcher cela et nous travaillons depuis avec le gouvernement », explique Me Metallic, originaire de la Première Nation micmaque de Listuguj, au Québec.

Mais l’affaire lui a fait prendre conscience de l’absence criante de lois en matière de services aux Premières Nations.

« Tout se fait par le biais d’accords politiques et financiers. Ces derniers sont très dysfonctionnels et donnent au gouvernement une grande marge de manœuvre pour interpréter les choses de différentes manières et cela peut devenir très problématique, explique-t-elle.

J’ai simplement remarqué : Wow. Il s’agit d’un problème massif dans de nombreux domaines, qui affecte les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables.

Cela m’a ouvert les yeux sur la nécessité des bourses d’études et du monde universitaire. »

Naiomi Metallic partage aujourd’hui son temps entre la pratique et l’enseignement à la Faculté de droit Schulich de l’Université Dalhousie, où elle est titulaire de la Chaire du chancelier en droit et politique autochtones.

En tant que juriste, elle s’efforce d’expliquer de manière accessible comment le droit peut améliorer la vie des peuples autochtones au Canada. Elle étudie également la langue et les récits micmacs dans le cadre de ses efforts visant à revitaliser les ordres juridiques autochtones.

L’article de 2019 de Me Metallic, Making the most out of Canada’s new Department of Indigenous Services Act, (Tirer le meilleur parti de la nouvelle Loi sur le ministère des Services aux Autochtones du Canada) pour le Yellowhead Institute de l’Université métropolitaine de Toronto, décrivait le défi majeur de l’affaire Simon v. Canada.

« Lorsqu’il n’y a pas de limites claires fixées par la loi, les tribunaux hésitent généralement à imposer des règles strictes aux gouvernements, en particulier lorsqu’il y a des dépenses. »

En 2019 également, elle a coécrit The Promise and Pitfalls of C-92: An Act respecting First Nations, Inuit, and Metis Children, Youth and Families (Les promesses et les pièges du projet de loi C-92 : Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis), un autre article publié par Yellowhead.

Lorsque la contestation constitutionnelle du projet de loi C-92, Loi sur les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Métis et des Inuits, par le gouvernement du Québec est arrivée devant la Cour suprême du Canada, Me Metallic a été invitée à rejoindre l’équipe juridique qui est intervenue au nom de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations, dirigée par Cindy Blackstock, défenseure de longue date de la protection de l’enfance et des droits des enfants autochtones.

En février, la Cour suprême a appuyé à l’unanimité la loi, affirmant la compétence des Premières Nations, des Inuits et des Métis pour la protection et le bien-être de leurs enfants.

Non seulement Naiomi Metallic a été avocate et juriste de l’affaire, mais ses écrits universitaires ont été cités par la Cour suprême, explique Jason Cooke, c.r., un collègue chez BWB. Il était dans la même section de droit que Me Metallic à Dalhousie et l’a proposée pour le prix Hnatyshyn.

« Je pense qu’il s’agit là d’une combinaison très rare, déclare-t-il. Nous avons évidemment des universitaires qui mènent d’excellentes recherches, des juristes qui sont des avocates et avocats très efficaces et des membres qui ont vraiment une influence positive dans leurs communautés. Mais c’est assez extraordinaire d’être capable de faire les trois, et au plus haut niveau d’excellence. »

L’influence de Naiomi Metallic en tant que professeure de droit vénérée, chaleureuse et accessible est peut-être l’une de ses plus grandes contributions, ajoute Me Cooke.

« C’est une excellente enseignante. Elle a d’ailleurs une incidence sur les juristes de demain – et maintenant, pour beaucoup, sur les juristes d’aujourd’hui – d’une manière vraiment profonde. Cette influence se fera sentir pendant des décennies et des décennies. »

Naiomi Metallic, 43 ans, est manifestement touchée par ces éloges et encourage les étudiantes et étudiants à s’intéresser au pouvoir des bourses d’études.

« Beaucoup de secteurs sont complètement mal desservis. »