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Le virage commercial de l'industrie juridique

Le droit n’est plus l’apanage des avocats.

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La technologie, la crise financière planétaire et la mondialisation ont créé une nouvelle dynamique d’achat et de vente qui a chamboulé bien des industries, du taxi à l’hôtellerie en passant par les agences de rencontre... et le droit.

Les attentes des consommateurs ont changé : ils délaissent les cabinets d’avocats au profit des services juridiques d’entreprises ou des sociétés juridiques nouveau genre et bien capitalisées, qui conjuguent une vocation résolument commerciale avec une expertise juridique.

Le droit est aujourd’hui un marché où il se brasse mondialement des billions de dollars et que les sociétés, les entrepreneurs et les spécialistes des technologies refont à leur image. Parallèlement, on revoit quand et dans quelle mesure une situation exige-t-elle l’intervention d’un avocat à mesure que l’expertise techno-commerciale gagne en importance.

Plus qu’un labeur intellectuel

La technologie est une alliée fidèle pour les juristes. De nombreux produits exécutent maintenant des tâches auparavant fastidieuses et chronophages. Les sociétés juridiques et les contentieux d’entreprises disposent d’outils qui facilitent l’accès des acheteurs aux services et aux fournisseurs, raccourcissent les délais, réduisent les risques au moyen d’analyses de données, diminuent les coûts et offrent des solutions complètes et interdisciplinaires pour des problèmes commerciaux toujours plus complexes.

Le droit est aujourd’hui un marché où il se brasse mondialement des billions de dollars et que les sociétés, les entrepreneurs et les spécialistes des technologies refont à leur image.

Sous l’influence du monde des affaires, les fournisseurs de services juridiques adoptent une structure imitant celle des entreprises, ainsi que leurs normes de gestion de projet et de processus. Les clients jugent les services juridiques à l’aune de normes d’affaires qui exigent une amélioration constante. Les avocats ne contrôlent plus à la fois la vente et l’achat de services juridiques maintenant que les services d’approvisionnement d’autres non-juristes s’en mêlent. Ceci crée une nouvelle dynamique dans la recherche de talent.

Le modèle traditionnel du cabinet d’avocats associés vendait une chose : l’expertise juridique. Mais à mesure que les tâches « juridiques » s’automatisent et s’effectuent par des produits ou des non-juristes, il perd du terrain.

Le droit n’est plus le domaine laborieux ni la chasse gardée qu’il était : c’est devenu un marché morcelé où machines, professionnels et paraprofessionnels divers font un travail autrefois qualifié de juridique.

De nombreuses orientations de carrière

De nouvelles avenues de carrière se dessinent dans le milieu juridique, dont plusieurs qui ne nécessitent pas l’admission au barreau.

Les juristes ayant des compétences distinctes ne manquent toujours pas de travail, mais beaucoup ne seront pas uniquement avocats « praticiens » et devront mettre à profit leur savoir-faire dans des rôles hybrides axés sur la prestation. Les avocats devront donc ajouter une certaine maîtrise des aspects opérationnels à leur connaissance du droit. 

Les machines ne remplaceront pas les avocats

La plupart des grands services juridiques internes ont une équipe des activités juridiques chargée d’épauler les avocats « praticiens ». Ils doivent donc décider s’ils vont « se bâtir, s’acheter ou se louer » l’expertise nécessaire. Beaucoup se procurent des services consultatifs, d’affaires et technologiques intégrés auprès d’un ensemble de jeunes sociétés juridiques afin de compléter leurs propres ressources juridiques (internes, en sous-traitance ou hybrides). UnitedLex et Elevate, par exemple, ont noué des partenariats avec des services d’entreprises pour leur travail ne relevant pas de la pratique du droit.

Sous-tendant ces divers phénomènes, une évolution s’opère aussi dans la culture juridique, qui se fait moins blanche, masculine, homogène, exclusiviste et centrée sur les avocats, et devient plus diverse, inclusive, interdisciplinaire, entrepreneuriale, axée sur le client et ouverte à l’amélioration continue pour le bien de ceux qui achètent ou recherchent des services juridiques.

En outre, nous assistons à l’émergence d’une philosophie mondiale d’application de la technologie pour régler les « problèmes pernicieux » du milieu juridique, notamment ceux de l’accès à la justice, de la primauté du droit et de la diversité dans le secteur juridique et ailleurs.

Les machines ne remplaceront pas les avocats, malgré ce que disent Deloitte, McKinsey et compagnie à propos des pertes d’emplois « juridiques » qu’elles auraient engendrées. En effet, la technologie mènera aussi à la création de postes juridiques encore inconnus ou inimaginables pour le moment.

Oui, la pratique du droit dans sa forme traditionnelle se fera plus rare. Mais une formation juridique – conjuguée à un savoir-faire technologique, commercial et interpersonnel – pourra toujours mener à une carrière prospère. Cela permettra également d’améliorer la prestation de services juridiques aux consommateurs existants et l’accès à la justice aux millions qui en ont besoin.