Passer au contenu

Avocats à la télé : quelle déontologie?

Avocats à la télé : quelle déontologie?

.

Brooke : Pendant les fêtes, j’ai regardé quelques épisodes de la série The Good Wife, ce qui m’a fait réfléchir à la manière dont les avocats sont représentés à la télévision. C’est bien connu, les représentations de l’exercice du droit au petit écran sont complètement irréalistes, mais la fréquence et la gravité des manquements déontologiques commis par les avocats fictifs d’aujourd’hui sont renversantes.

Récemment, j’ai regardé un épisode de la populaire série How to Get Away with Murder. Les manquements de l’héroïne, Annalise Keating, avocate-criminaliste et professeure de droit assistée par ses étudiants, sont innombrables. D’abord, elle accepte de défendre un client accusé de meurtre parce qu’elle croit que le véritable coupable est son propre mari. Elle dissimule des éléments de preuve qui mettent son mari en cause, alors qu’elle devrait prouver sa culpabilité afin d’innocenter son client. Parallèlement, Keating ment à une autre cliente en prétendant mener une négociation de peine en sa faveur afin de lui soutirer des renseignements, pour ensuite l’abandonner, laissant ainsi une personne vulnérable sans procureur. Elle entretient également une liaison avec le policier chargé d’enquêter sur ses affaires. Enfin, l’une de ses étudiantes a une relation amoureuse avec son client accusé de meurtre.

Quant à la série Suits, sa prémisse repose à la base sur l’exercice non autorisé du droit. C’est l’histoire d’un brillant décrocheur qui obtient un poste d’avocat adjoint dans un grand cabinet new-yorkais… sans diplôme ni permis d’exercice. Lui et l’associé qui l’a engagé font tout pour cacher son secret. De plus, ils contreviennent aux instructions de leurs clients, interrogent des parties adverses représentées, déforment les faits et les menacent d’extorsion durant des négociations, usurpent l’identité d’autres avocats et acceptent des dossiers malgré d’évidents conflits d’intérêts.

J’ose croire que les téléspectateurs savent faire la différence entre ces personnages rocambolesques et les véritables avocats, mais le nombre de personnes qui m’ont demandé si le quotidien d’un avocat dans un cabinet de Bay Street ressemblait à Suits m’incite à me poser des questions.

Gavin : Le seul avocat fictif que je suis actuellement est Saul Goodman, le protagoniste de Better Call Saul, une série dérivée de Breaking Bad, dans laquelle Saul était un personnage secondaire. Ses activités? Il aide ses clients à blanchir de l’argent et à engager des tueurs à gages.

Toutefois, j’ai connu plusieurs vieilles séries mettant en vedette des avocats honnêtes et inspirants. Par exemple, Horace Rumpole, dans Rumpole of the Bailey, était un homme de principe, un défenseur inconditionnel de la présomption d’innocence, qu’il appelait immanquablement « la règle d’or du système de justice britannique ». On imaginerait mal John Kavanagh, de Kavanagh Q.C. tromper le tribunal ou un autre avocat. Enfin, The Defenders, une série américaine des années 60, mettait en vedette deux avocats – un père et son fils – qui étaient tous deux compétents, dévoués et désintéressés.

Le cas de Perry Mason est un peu plus complexe. Le scénario était toujours le même: Tous les vendredis à 21 h, Perry Mason évitait une condamnation injustifiée en prouvant l’innocence de son client, et en soutirant même des aveux au vrai coupable en plein tribunal.

Je ne suis pas le seul à qui Perry Mason a fait miroiter la noble et excitante carrière d’avocat plaidant. Mais sur le plan de la déontologie, il n’était pas toujours très catholique. Il n’hésitait pas à dissimuler des pièces à conviction, à demander à ses employés de mentir ou même de commettre des introductions par effraction si nécessaire. La noble cause de la défense de ses clients injustement accusés justifiait bien quelques écarts. Même le pauvre procureur qui a poursuivi 250 innocents au cours de neuf saisons était plus honnête que Perry.

Brooke : J’ai été agréablement surprise de la manière dont la série The Good Wife présente les dilemmes et les conséquences des manquements à l’éthique. Dans un épisode récent, des avocats plaidants se demandent si, dans le cadre d’une procédure civile, ils doivent révéler l’existence d’un document important mais compromettant. Le plus expérimenté des avocats décide de le dissimuler. Résultat, sa subordonnée est reconnue coupable d’outrage au tribunal et condamnée à une amende après que la partie adverse a obtenu le document d’une autre façon.

Débattre les règles de déontologie n’est puet-être pas particulièrement captivant à la télé. Mais il est rassurant de constater que ces personnages doivent parfois assumer les conséquences de leurs actions.